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Oui, un plagiat, dans le sens où toute œuvre mineure, toute œuvre issue de la plume d'un écrivain mineur, ne peut être qu'un plagiat d'une œuvre maîtresse quelconque. La petite différence est qu'ici nous parlons d'un plagiat consenti. Un plagiat qui est un camouflage qui est une pièce dans une scène bigarrée qui est une charade qui probablement nous conduira au vide.
Roberto Bolano
La relation entre le maître et le disciple est comme ça : le disciple apprend et le maître apprend aussi.
L'amour n'apporte jamais rien de bon. L'amour apporte toujours quelque chose de meilleur. Mais le meilleur est parfois le pire si tu es une femme, si tu vis sur ce continent que les Espagnols ont eu le malheur de découvrir et qu'ont eu le malheur de peupler ces Asiatiques égarés.
L'essentiel consiste à ne pas s'affliger.
Le fait est qu'en général les jeunes poètes finissent par devenir des vieux journalistes ratés.
Le hasard, si vous me permettez la comparaison, est comme Dieu qui, chaque seconde, se manifeste sur notre planète. Un Dieu incompréhensible, avec des gestes incompréhensibles adressés à ses créatures incompréhensibles. Dans cet ouragan, dans cette implosion osseuse, se réalise la communion. La communion du hasard avec ses traces et la communion de ses traces avec nous.
Exagérer est une manière d'admirer poliment... Vous permettez à votre interlocuteur de dire : C'est vrai... Et alors vous dites : C'est incroyable. D'abord vous ne pouvez pas le croire, et ensuite ça vous semble incroyable.
L'inutile s'impose non comme qualité de vie, mais comme mode ou signe distinctif de classe sociale.
Je pense, et qu'on me permette cette incise, que la vie est pleine de choses énigmatiques, de petits événements qui n'attendent qu'un contact superficiel, notre regard, pour se déchaîner dans une série de faits qui, plus tard, vus en perspective, ne peuvent nous causer que frayeur et épouvante.
Dire qu'il y a des endroits identiques à d'autres, c'est un mensonge. Le monde est comme un tremblement.
Il ne s'agit pas de croire ou ne pas croire aux hasards. Le monde entier est un hasard. J'ai eu un ami qui me disait que je me trompais en pensant comme ça. Mon ami me disait que pour quelqu'un qui voyage en train, le monde n'est pas un hasard, même si le train traverse des territoires inconnus du voyageur, des territoires que le voyageur ne reverra jamais plus de sa vie.
Le secret est dans les nerfs. Dans les nerfs qui se tendent et s'étirent pour atteindre les limites de la sociabilité et de l'amour. Les limites aiguisées à faire peur de la sociabilité et de l'amour. J'ai perdu mes dents sur l'autel des sacrifices humains.
Mais écoutez. Toute oeuvre qui n'est pas une oeuvre maîtresse est, comment vous dire, une pièce d'un vaste camouflage. Vous avez été soldat, j'imagine, et vous savez déjà de quoi je parle. Tout livre qui n'est pas une oeuvre maîtresse est chair à canon, infanterie vaillante, pièce sacrifiable puisqu'elle reproduit, de multiples manières, le schéma de l'oeuvre maîtresse.
L'amour est comme ça, l'argot est comme ça, les rues sont comme ça, les sonnets sont comme ça, le ciel de cinq heures du matin est comme ça. L'amitié, quant à elle, elle n'est pas comme ça. En amitié, on n'est jamais seul.
Je suis encore capable de grandes choses, je suis encore capable de te surprendre, toi, sotte, et tous les autres, je suis encore capable de déplacer le ciel et la terre par amour.
Le hasard, au contraire, est la liberté totale à laquelle nous sommes abouchés du fait de notre propre nature. Le hasard n'obéit pas à des lois, ou s'il y obéit, nous, nous ne les connaissons pas.
Ma vie ne me plaisait pas. Les nuits continuaient à être claires et diaphanes, mais moi je commençais à cesser d'être une orpheline et à m'avancer dans un territoire encore plus précaire.
Un vrai écrivain devait savoir écouter et savoir agir au moment juste. Il devait être raisonnablement opportuniste et raisonnablement cultivé. La culture excessive éveille des craintes et des rancoeurs. La culture opportuniste éveille des soupçons.
Les années ne passent pas sans laisser de traces.
Il n'y a pas d'amitié, dit la voix, il n'y a pas d'amour, il n'y a pas de poésie épique, il n'y a pas de poésie lyrique qui ne soient un gargouillement ou un gazouillement d'égoïstes, une trille de tricheurs, un bouillonnement de traîtres, une ébullescence d'arrivistes. une roulade de pédales.
La poésie ne disparaîtra pas. Son non-pouvoir se fera visible autrement.
Avant, je lisais de tout, professeur, et en grande quantité, aujourd'hui je ne lis que de la poésie. La poésie seule n'est pas contaminée, la poésie seule n'est pas dans le coup. Je ne sais pas si vous me comprenez professeur. La poésie seule, et encore pas toute, que ce soit clair, est un aliment sain et pas une merde.
La culture est parfois folie, ou inclut la folie. Peut-être que c'est l'absence d'amour qui m'a incitée au voyage. Peut-être que c'est un amour excessif et débordant. Peut-être que c'est la folie.
Il faut avoir de l'appétit pour faire l'amour. Il faut aussi en avoir l'occasion, mais il faut surtout en avoir l'appétit.