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Il s'en déclare l'auteur, c'est-à-dire, selon l'étymologie, l'augmentateur, celui qui confère la portée et l'importance.
Roger Caillois
Nommer est toujours appeler, c'est déjà ordonner.
Au premier abord, j'aperçois bien le scandale qu'il existe des livres imprimés expressément pour ne pas être lus et des hommes qui les acquièrent avec l'intention délibérée de ne pas les lire.
Dans l'immense vasière de la forêt vierge... chacun peut voir que les grands arbres y sont rares. On les remarque aussitôt par l'ivoire et par le poli de la mort. Ils restent debout, soutenus par les autres.
Tout pouvoir vient d'une discipline et se corrompt dès qu'on en néglige les contraintes.
Tout le fantastique est rupture de l'ordre reconnu, irruption de l'inadmissible au sein de l'inaltérable légalité quotidienne.
Le bourreau et le souverain forment un couple. Ils assurent de concert la cohésion de la société.
Il n'est rien qui, dans l'univers, ne soit susceptible de former une opposition bipartite et ne puisse alors symboliser les différentes manifestations couplées et antagonistes du pur et de l'impur.
Je rends grâce à cette terre qui exagère tant la part du ciel.
La guerre possède à un degré éminent le caractère essentiel du sacré ; elle paraît interdire qu'on la considère avec objectivité. Elle paralyse l'esprit d'examen. Elle est redoutable et impressionnante. On la maudit et on l'exalte.
Le temps épuise, exténue. Il est ce qui fait vieillir, ce qui achemine vers la mort, ce qui use.
Est sacré l'être, la chose ou l'idée à quoi l'homme suspend toute sa conduite, ce qu'il n'accepte pas de mettre en discussion, de voir bafouer ou plaisanter, ce qu'il ne renierait ni ne trahirait à aucun prix.
On le contraint aux gestes de l'esclavage, mais il peut cacher qu'il pense en rebelle.
Chaque système est vrai par ce qu'il propose et faux par ce qu'il exclut.
Les forces de bénédiction habitent les mâts totémiques aux couleurs brillantes, orgueil de la grande place du village, où s'élèvent conjointement l'autel et la maison des hommes ou la haute case du chef.
La circoncision achève leur phallus. L'ensemble de la cérémonie leur confère les diverses vertus viriles, en particulier la bravoure, l'invincibilité, et d'autre part, le droit et le pouvoir de procréer.
Ils les initiaient ainsi non par une cérémonie "blanche" mais par le déploiement premier et effectif ; par l'étrenne de leur activité créatrice.
Il n'est pas pour la civilisation de danger plus redoutable que le fossé que l'on voit parfois s'élargir entre le discours et la coutume.
Il est bon d'étonner, mais ... il faut étonner justement.
On existe dans un temps, dans un état, où l'on est seulement tenu de dépenser et de se dépenser. Les mobiles acquisitifs ne sont plus de mise.
Le sacré est ce qui donne la vie et ce qui la ravit, c'est la source d'où elle coule, l'estuaire d'où elle se perd.
La qualité du style suppose la qualité de l'idée, l'acuité de l'émotion, la puissance du songe.
La soumission implique la possibilité de l'arrogance et de la révolte : de la stabilité sort le mouvement.
Les rites de consécration, qui introduisent dans le monde du sacré un être ou une chose, et les rites de désacralisation, ou d'expiation, qui, à l'inverse, rendent une personne ou un objet pur ou impur au monde profane.
On constate la duplication sans fin d'une effigie singulière, que le temps perpétue et propage. Chaque génération de tigres vient au jour avec les mêmes rayures jaunes et noires.
Le mot le plus péjoratif, cogitation... pour ce qu'il évoque à la fois de la mécanique, de stérile et d'inachevé. Elle me parut dans l'univers mental l'équivalent de la multiplication cancéreuse des cellules.
Il me semblait que ce qu'on pouvait écrire dépendait de tout, sauf de soi.
L'inconscient, en effet, par définition, est inconnaissable : il cesse d'être inconscient au moment où il est révélé à la conscience.
Les gravures hermétiques où sont traduits en image les arcanes de l'alchimie. Ces compositions allusives demeurent totalement mystérieuses pour qui ne possède pas la clé de leur langage.
La main droite est aussi la main adroite, celle qui conduit l'arme droit à son but.
D'où l'homme tirera-t-il sa force, s'il n'entretient pas en soi la colère et l'appétit de plusieurs fauves ?
En face de l'uniformité de l'ordonnance universelle, les dieux apparaissent comme des principes d'individualisation. Ils ont une personalité. Ils fixent un type.
La vie n'est pas équipollente. Elle conjugue symétrie et orientation.
Mieux vaut se contenter de marquer la singularité absolue de la réalité du pouvoir et de souligner l'étroite connexion qui identifie presque sa nature à celle du sacré.
La fête est ainsi célébrée dans l'espace-temps du mythe et assume la fonction de régénérer le monde réel.
Il manque quelque chose à l'homme qui ne s'est jamais senti éperdu.
Il n'y a pas d'efforts inutiles, Sisyphe se faisait des muscles.
Tout invite à regarder le carnaval moderne comme une sorte d'écho moribond de fêtes antiques du type des Saturnales.
Le roi, en effet, est essentiellement un Conservateur, dont le rôle consiste à maintenir l'ordre, la mesure, la règle.
L'artiste se cabre constamment contre la morale. Mais presque toujours, c'est la société qui le gêne.
Ces remèdes qui tuent ou qui sauvent suivant le terrain qu'ils rencontrent ou la dose qui fut prescrite.
Les cérémonies de fécondité ne sont pas les seules. D'autres ont pour but de faire entrer les jeunes gens dans la société des hommes et de les agréger ainsi à la collectivité. Ce sont les rites d'initiation.
Le tabou se présente comme un impératif catégorique négatif. Il consiste toujours en une défense, jamais en une prescription. Il n'est justifié par aucune considération de caractère moral.
Je ne crois pas que quoi que ce soit d'important puisse s'exprimer en mots de plus de quatre syllabes.
Je déteste les miroirs, la procréation et les romans, qui encombrent l'univers d'êtres redondants qui nous émeuvent en vain.
Le fantastique suppose la solidité du monde réel, mais pour mieux la ravager.
Le jeu n'a pas d'autre sens que lui-même.
L'effervescence spéculative se développe sans l'amorce d'une responsabilité ni la crainte de la moindre sanction.
La liberté n'existe que là où l'intelligence et le courage parviennent à mordre sur la fatalité.
Le tilt n'indique qu'une limite à ne pas dépasser. C'est une menace délicieuse, un risque supplémentaire, une sorte de second jeu greffé sur le premier.