Images
Elle était uniformément douce, pâle, engourdie, anémique, étiolée.
Romain Rolland
La plupart des amitiés ne sont guère que des associations de complaisance mutuelle, pour parler de soi avec un autre.
Un artiste doit capter son génie ; il ne lui permet pas de s'éparpiller, au hasard. Canalise ta force.
Ils sentaient leur sang battre dans leurs paumes pressées et leurs doigts qui tremblaient.
Tu ne vivrais pas, si tu ne croyais pas. Chacun croit.
On écrit toujours l'histoire des évènements d'une vie. On se trompe la vrai vie est la vie intérieure.
Il ne lui restait qu'une dizaine de dents ; mais avec elles il s'escrimait solidement.
Le fruit pourri ne pourrit pas l'arbre. Il tombe.
L'intelligence est un îlot, que les marées humaines rongent, effritent et recouvrent.
La vie n'est pas raffinée. La vie ne se prend pas avec des gants.
C'est à l'intelligence d'achever l'oeuvre de l'intuition.
Cette angoisse de la mort tortura des années son enfance ... seulement corrigée par le dégoût de la vie, la tristesse de sa vie.
Et une fois, il fut frappé d'apoplexie, foudroyé sur les ruines de son entreprise.
Tout génie, s'il on veut, délire... Celui de beaucoup d'artistes allemands contemporains est agressif ; il a un caractère d'antagonisme destructeur.
Mais par une ironie des choses qui n'est point rare, il se trouvait patronné, cette fois, par ses vieux ennemis, les snobs, les gens à la mode.
Il était grand, gros, très fort, corpulent sans être obèse, de charpente ramassée et musculeuse.
Le violon seul chante sa pastorale mystique, reprise par les clarinettes et les bassons, en cantabile enamouré.
On ne lit pas, on se lit.
La fureur aveugle n'a qu'un jour, et le patient labeur est le pain de tous les jours.
Son instinct d'obéissance trouvait à se satisfaire dans une amitié où il n'avait qu'à acquiescer aux volontés de l'autre.
Le métier des intellectuels est de chercher la vérité au milieu de l'erreur.
L'esprit qui s'élève sur les siècles s'élève pour des siècles.
Si un sacrifice est une tristesse pour vous, non une joie, ne le faites pas, vous n'en êtes pas digne.
Il n'est pas de belle cause, ni de bonnes gens, qui, vus sous un certain angle, avec un certain grossissement, n'offrent des côtés ridicules.
On ne vit pas pour être un homme. Souffre. Meurs. - Mais sois ce que tu dois être : un Homme.
De telles passions dévastent l'âme ; et quand l'âme est déjà affaiblie par la maladie, comme l'était celle de Beethoven, elles risquent de la ruiner.
Bien rarement passait sur la route poudreuse le pas traînant d'un grave paysan, ou d'une belle campagnarde aux yeux lumineux dans la figure hâlée...
Cette indulgence était pire que la sévérité.
Sa résistance rendait les insistances plus vives et plus narquoises ; les objurgations des parents s'y mêlaient, agrémentées de quelques claques, quand l'esprit de révolte soufflait trop impertinemment.
Christophe regardait, avec une curiosité affectueuse, cette figure impressionnable, qui rosissait et pâlissait, d'un instant à l'autre. Les sentiments y passaient comme des nuages sur l'eau.
Il lui manquait la sérénité que donne au vrai artiste l'expérience d'une longue incompréhension des hommes et de leur bêtise incurable.
Tout à coup, le son monte : il y en a de profonds, il y en a d'aigus, il y en a qui tintent, il y en a d'autres qui grondent. L'enfant les écoute longuement, un à un, diminuer et s'éteindre.
Des comités de comédiens, de mondains, de demi-mondains, et de politiciens ... faisaient savoir au monde qu'ils allaient élever un monument à Beethoven.
Il se cherchait à travers l'amas de sentiments acquis, que l'éducation impose à l'enfant comme une seconde nature.
Renoncez donc pour moi à ce jeu de catalogage, qui est celui de tous les "partisans". Parce que je ne suis pas d'un parti, est-ce une raison pour que je sois d'un autre ?
On n'a pas tort de dire que la femme est la moitié de l'homme ; car un homme marié n'est plus qu'une moitié d'homme.
Je trouve la guerre haïssable mais bien plus ceux qui la chantent sans la faire.
On n'était pas douillet, dans la famille ; malade ou non, on ne se plaignait jamais.
La plupart des hommes ne pensent qu'autant qu'ils parlent.
Un grand artiste écrit presque fatalement une oeuvre gaie quand il est triste, une oeuvre triste quand il est gai.
L'art n'est pas une vile pâture, livrée aux vils passants. Une jouissance, certes, et de toutes la plus enivrante. Mais elle n'est le prix que d'une lutte acharnée, et son laurier couronne la victoire de la force. L'art est la vie domptée.
D'autres symphonies encore ont un caractère plus descriptif : elles veulent représenter, par exemple, le mugissement de la terre, ou le sifflement des airs.
Le bonheur de nos amis est une lumière qui nous baigne doucement.
Il ne sert pas à grand-chose de faire le procès du passé : cela n'empêcherait pas de recommencer et cela empêche de vivre.
L'exemple de Debussy montre qu'un vrai musicien peut tout oser et faire de ses audaces des beautés nouvelles.
Cette tyrannie de maître d'école, ce ton criard, ces discussions oiseuses, cet ergotage aigre et puéril...
Est-ce qu'il n'est pas beaucoup mieux et plus beau d'être aimé et compris de quelques braves gens, qu'entendu, critiquaillé ou flagorné par des milliers d'idiots ?
L'art est la source de vie ; il est l'esprit de progrès, il donne à l'âme le plus précieux des biens : la liberté ; et nul n'en jouit plus que l'artiste.
Il jugea que son étiolement venait de son genre de vie, éternellement renfermée, sans jamais sortir de la ville, à peine de la maison.
Un grand peuple ne se venge pas, il rétablit le droit.