Images
L'esprit de la pièce (...), c'est que rien n'est plus grotesque que le tragique.
Samuel Beckett
Le seul sport que j'aie pratiqué, c'est de suivre les enterrements à pied.
Elle est si con la lune. Ca doit être son cul qu'elle nous montre toujours.
Les larmes du monde sont immuables. Pour chacun qui se met à pleurer, quelque part un autre s'arrête. Il en va de même du rire.
Mais à vingt-cinq ans il bande encore, l'homme moderne, physiquement aussi, de temps en temps, c'est le lot de chacun, moi-même je n'y coupais pas, si on peu appeler cela bander.
Et toutes ces lèvres qui m'avaient embrassé, ces coeurs qui m'avaient aimé (c'est bien avec le coeur que l'on aime, n'est-ce pas, ou est-ce que je confonds avec autre chose ?), ces mains qui avaient joué avec les miennes...
Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Echoue encore. Echoue mieux.
On ne peut pas tout avoir, je l'ai souvent remarqué.
Maximum de simplicité et de symétrie. Lumière aveuglante.
Cher vieux. Merci de votre carte. En voici une bien pépère. Salez et iodez-vous à fond, c'est affreux ce qui vous attend.
Les choses aussi doivent y être encore, un peu plus usées, un peu amoindries encore.
Elle n'était jamais réellement née, voilà ce qu'elle avait.
Mais quelle importance, la manière dont les choses se passent, du moment qu'elles se passent ?
Ce qui fait le charme de notre pays, à part bien entendu le fait qu'il est peu peuplé, malgré l'impossibilité de s'y procurer le moindre préservatif, c'est que tout y est à l'abandon sauf les vieilles selles de l'histoire.
Je sentais l'âme qui s'ennuie vite et n'achève jamais rien, qui est de toutes peut-être la moins emmerdante.
Je serai trop pris, à tenir debout, à me tenir debout, à changer de place, à tenir le coup, à parvenir au lendemain, à l'autre semaine...
Rien n'est plus drôle que le malheur... C'est la chose la plus comique de monde.
Le jour où j'adoptai cette remise j'y trouvai un canot, la quille en l'air. Je le retournai, le calai avec des pierres et des morceaux de bois, enlevai les bancs et en fis mon lit.
De lourdes pluies perpendiculaires et brèves nous cueillaient à l'improviste. Sans assombrissement sensible du ciel.
Ce conte, il aurait pu simplement me le conter, il le savait par coeur, moi aussi, mais cela ne m'aurait pas calmé, il devait me le lire, soir après soir, ou faire semblant de me le lire, en tournant les pages et en m'expliquant les images.
C'est le commencement qui est le pire, puis le milieu, puis la fin. À la fin, c'est la fin qui est le pire.
Le plus grand des pêchés est d'être né.
Ne disons pas de bien de notre époque, elle n'est pas plus malheureuse que les précédentes.
Avec quoi allais-je ramper, à l'avenir ? Couché sur le bord de la route je me mettais à me contorsionner chaque fois que j'entendais venir une charrette. C'était pour qu'on ne s'imaginât pas que je dormais ou me reposais.
Il gueulait si fort que des bribes de son discours arrivaient jusqu'à moi. Union... frères... Marx... capital... bifteck... amour. Je n'y comprenais rien.
Bien choisir son moment et se taire, serait-ce le seul moyen d'avoir être et habitat.
C'est alors qu'on entrevoit ce qu'on aurait pu être, s'il n'avait pas fallu être ce qu'on est, et ce n'est pas tous les jours qu'il est donné de couper en quatre un cheveu de cette qualité. Car du moment que l'on vit, bernique.
Pas question que je me déroute pour l'éviter, non, tout simplement pas question que moi je me déroute, tout en n'ayant été de ma vie en route pour quelque part, mais tout simplement en route.
Je les sentais proches, les rues glaciales et tumultueuses, les visages terrifiants, les bruits qui coupent, percent, lacèrent, contusionnent.
Un sentiment qui s'arrogeait peu à peu, dans mon esprit glacé, l'affreux nom d'amour.
Je préparai donc ma phrase et ouvris la bouche, croyant que j'allais l'entendre, mais je n'entendis qu'une sorte de râle... Mais ce n'était rien, rien que l'aphonie due au long silence...
Oh sans cette affreuse bougeotte que j'ai toujours eue j'aurais vécu ma vie enfermé dans une grande pièce vide à échos, avec une grande pendule ancienne, rien qu'à écouter et à somnoler.
Je pleure aussi, sans discontinuer. C'est un flot ininterrompu, de mots et de larmes.
On parle d'allongement aux gens et ils voient tout de suite un corps étendu.
Il est vrai que pour tout ce qui touchait aux questions sexuelles on était extraordinairement fermé, dans ma région.
On dit tout. Tout ce qu'on peut. Et pas un mot de vrai nulle part.
Elle ne semblait ni jeune ni vieille, sa figure, elle était comme suspendue entre la fraîcheur et le flétrissement.
Mais que foutait Dieu, avant la création ?
La douleur muette est davantage à redouter.
Je tiens le greffe, je tiens la plume, aux audiences de je ne sais quelle cause. Pourquoi vouloir que ce soit la mienne, je n'y tiens pas.
Mais elle n'avait pas de vase de nuit. J'ai une sorte de chaise percée, dit-elle. Je voyais la grand-mère assise dessus, raide comme un piquet et fière.
Elle avait seulement chanté comme pour elle, et sans les paroles heureusement, quelques vieilles chansons du pays, d'une façon curieusement fragmentaire, en sautant de l'une à l'autre.
A force d'appeler ça ma vie je vais finir par y croire. C'est le principe de la publicité.
Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir. Les grains s'ajoutent aux grains, un à un, et un jour, soudain, c'est un tas, un petit tas, l'impossible tas.
Avoir toujours été celle que je suis et être si différente de celle que j'étais !
Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent.
Le soleil brillait, n'ayant pas d'alternative, sur le rien de neuf.
Je vais décrire l'endraoit, ça c'est sans importance. Le sommet, très plat, d'une montagne, non, d'une colline, mais si sauvage, si sauvage.
Le fait est, on dirait, que tout ce qu'on peut espérer c'est d'être un peu moins, à la fin, celui qu'on était au commencement.
Ah ! me répandre par terre comme une bouse et ne plus bouger !