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C'est sans doute le propre des grandes civilisations que d'atteindre des sommets dans l'art de faire du mal.
Sébastien Spitzer
Apprendre à étouffer ses doutes, les jeter, s'en débarrasser. Le poids des morts est un fardeau. Les doutes détruisent. Les certitudes élèvent. Les ambitions, la volonté, la force et le courage font la grandeur. Le doute est une mort lente, un épuisement de la race. Il y aura une victoire ou une chute.
Bonne maman avait tort. Aimer, ce n'est pas seulement quand on s'est perdus. C'est aussi se retrouver.
Mes lettres sont des boomerangs. Elles me sont toutes revenues. J'ai profité de la nuit pour glisser des mots sous ta porte. ils sont restés lettre morte.
Les ambitions, la volonté, la force et le courage font la grandeur.
Il n'y a pas de justice. Il n'y a que des décisions.
La beauté a sa propre poésie. Elle fait du bien à ceux qui savent la voir.
Dans ce camp, ce sont les prisonniers qui construisent leur propre prison. Nous passons nos journées à nous enfermer.
Il n'y a que des victoires et des défaites, les récits des vainqueurs et l'oubli des vaincus.
Ma mère. Je n'ai pas pu l'embrasser ! Les soldats nous ont tassés dans des trains pour la Pologne. Mon cousin est mort de froid, à côté de moi. C'était la première fois que je voyais un mort. Et il avait mon âge ! Sur le quai de l'arrivée, on a reçu d'autres coups. Olejak nous a sélectionnés, mon père et moi, pour son camp. Je suis devenu un homme au fond d'une mine.
La dernière chose que nous possédons, c'est notre histoire.
Pour survivre, il faut s'oublier. Oublier l'épuisement. Oublier les blessures. Oublier ce creux au bide. Oublier ses besoins et les odeurs d'urine et de merde qui collent à la peau parce qu'ils n'ont pas d'autre choix que de se chier dessus, sans perdre la cadence.
Les doutes détruisent. Les certitudes élèvent.
Le mépris, le dégoût de soi, ça vous met l'âme en morceaux. Une marmelade d'orgueil mélangé au remords. Mais il y a pire encore. Le blâme et l'opprobre au sein des prisonniers, le refus de la solidarité quand tout se tient là. Le dos tourné des survivants est bien plus douloureux que le mal des bourreaux. L'injustice altère. L'ignominie réduit. La soumission gangrène.
Le Qaddish est une géographie du deuil, une traduction de la peine qui dépasse toute les peines. Cette prière comble le gouffre entre ce qui était et ce qui n'est plus, le proche devenu lointain. C'est ce fossé insupportable que le Kaddish répare en sept mots, vingt-huit lettres, ni plus ni moins.
C'est idiot d'être nostalgique. Il faudrait affronter le présent sans jamais ressentir le tremblement des sentiments passés.
Les soldats meurent au combat. C'est dans l'ordre des choses. Et quand l'ordre s'inverse, quand l'encre de l'armistice est sèche, ce sont les chefs qui meurent. Les soldats, eux, rentrent chez eux.
À l'entrée de l'exposition, un immense bloc de houille, d'une bonne vingtaine de tonnes, est érigé comme un totem. C'est lui qui fait tourner les usines d'Angleterre. Ce bloc est le coeur sec et froid d'un nouveau monde sans coeur.
Les rêves s'effondrent quand ils deviennent passionnants. Quand ils nous crochent, nous happent, sans prévenir.