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On révèle beaucoup de soi dans la façon qu'on a de saisir les objets, chez lui on avait chaque fois la sensation d'un geste assuré, la certitude que la prise était ferme.
Serge Joncour
Le passé est à chacun ce que le brouillard est à l'accident responsable de rien mais cause de tout cependant.
Le respect scrupuleux de l'horaire, ça offre la sensation très concrète d'être ancré dans son schéma, de toujours y avoir sa place.
Pour avoir les dents du bonheur, on se passait des lames de couteau entre les dents, convaincus qu'en les écartant un peu, on passerait nous aussi pour des heureux.
C'est vrai que si t'étais sage tu ne serais même plus intéressante, c'est tout le paradoxe : ce qui me plaît de toi c'est tout ce qui me désole. (L'amour est tout ce qui nous sépare).
Le malheur c'est comme un visage sur le visage, quand la vie vous a marquée d'une épreuve, le risque c'est de ne plus exister qu'à travers ça, d'être à jamais perçue comme la veuve, piégée à vie dans la teinte.
Faire attention, ça devient vite comme un réflexe, un mode de vie.
S'ils faisaient l'amour il savait qu'ils ne pourraient plus jamais se revoir, en revanche, pour se voir pour toujours, il leur suffirait de ne jamais s'aimer.
Se présenter en tant qu'écrivain, c'est prendre le risque d'être perçu comme un réceptacle, soudain chacun se valorise de l'universelle conviction d'avoir quelque chose à raconter.
Un auteur a une fonction sociale qui consiste à aller voir des libraires, à participer à des animations culturelles, à se rendre dans des écooles.
C'est profondément à soi une douleur. L'amour comme une douleur, une douleur qui ne doit pas faire mal.
En ville, le fleuve, c'est le seul élément de nature qui s'impose, qu'on ne dévie pas, qui décide de tout. En ville, le fleuve, tout part de lui et tout y retourne, comme une rivière à la campagne, c'est l'origine même des lieux de vie.
Seul le moment compte, le reste est passé ou compromis, l'avenir une totale incertitude.
Après les années passées à s'aimer, il y a celles où l'on arrive pas à se quitter.
L'alcool nous fait ressembler à ce que l'on devient.
Quand d'un coup on s'embrasse, c'est que vraiment on n'en peut plus de cette distance, même collés l'un à l'autre on a la sensation d'être encore trop loin, pas assez en osmose, de là vient l'envie de se fondre, de ne plus laisser d'espace.
La bière va bien avec l'idée de voyager. Dans tout pays il y avait toujours une bière à découvrir, la bière locale, c'est une constante universelle, pour l'intime satisfaction de la déguster en fin de journée, une fois le boulot terminé.
Plus tu dis aux gens que tu les aimes et plus ils feront mine de t'aimer.
Dans l'amour il y a bien plus que la personne qu'on aime, il y a cette part de soi-même qu'elle nous renvoie, cette haute idée que l'autre se fait de nous et qui nous porte.
Quand on paraît plus fort il faut en plus se résoudre à l'être.
Sans masque, on est pas sorti de l'auberge !
L'enfance, c'est ce territoire juste là, intact mais parfaitement inatteignable, à moins de fermer un peu les yeux, de s'assoupir dans le parfait coton d'un parfum retrouvé.
En ville la solitude a un écho démesuré. Il aurait cru que ce serait le contraire, qu'en ville, vivre seul serait un genre de bienfait, une bénédiction, la compensation de toutes ces heures occupées à évoluer au milieu du monde, à être sans cesse entouré.
Aimer c'est rayonner de l'éclat intime d'une lumière qu'on s'invente à deux et qui est là même s'il n'y a que soi.
Ils sont rares ceux qui donnent vraiment, ceux qui écoutent vraiment.
C'est pourtant vrai, il ne suffit pas d'être génial pour réussir, il faut surtout anticiper, dans la vie, c'est toujours ceux qui ont un coup d'avance qui réussissent, pas les surdoués.
Tout est plus facile à dire dans une cuisine, tout y est nuancé par cette intention du partage, un appétit fait de la sève même des choses.
C'est encombrant d'en apprendre sur les autres, c'est prendre le risque de s'en rapprocher.
Pour qui ne travaille pas, le dimanche ça a des allures de mauvaise blague.
Le problème avec le désir d'être écrivain, c'est qu'il n'existe pas un cursus qui pourrait rassurer vos parents.
Une famille c'est comme un jardin, si on n'y fout pas les pieds ça se met à pousser à tire-larigot, ça meurt d'abandon.
Je ne sais pas, dans le fond c'est la seule vraie chose qu'on devrait se promettre dans la vie, de ne jamais se faire de mal.
Dans un soupir, il y a bien plus à entendre que dans une phrase.
Les morts se taisent, les vivants ne veulent pas entendre et les survivants ne peuvent pas parler.
Douter de l'efficacité d'un masque face à un virus à visée respiratoire, c'est discuter de l'utilité d'un parachute dans l'exercice de la chute libre.
Un écrivain, c'est le funambule de la société.
Comme le dit l'animateur de cet atelier d'écriture où on apprend à broder des textes pour faire parler les mots, le passé est à chacun ce que le brouillard est à l'accident ; responsable de rien mais cause de tout cependant.
Pas de cri, pas de souffle, pas d'éternité, on s'aime et on s'en tient là, l'amour sans y toucher, l'amour chacun le garde pour soi, comme on garde à soi sa douleur.
Lire, c'est voir le monde par mille regards, c'est toucher l'autre dans son essentiel secret, c'est la réponse providentielle à ce grand défaut que l'on a tous de n'être que soi.
Etre fort, c'est ne pas prendre la mesure du danger, le sous-évaluer, consciemment, tandis qu'être faible, c'est le surestimer.
Les masques seront obligatoires, à la seule condition qu'on en ait. Par contre ils sont fortement déconseillés dès lors qu'on en n'a pas.
A Paris, on visite plus facilement l'autre bout du monde que l'escalier d'en face.
Écrivain, c'est la seule "profession" avec la voyance et la radiesthésie, qui n'ait pas d'école.
L'Histoire c'est ce grand album de famille où chacun cherche à se reconnaître.
Avant, les écrivains étaient ancrés dans le monde, dans la politique.
Ne pas pouvoir s'aimer, c'est peut-être plus fort que s'aimer vraiment.
La vie de l'écrivains ne fait plus rêver
Dans toute enfance, il y a l'allié fondateur, l'alter ego avec lequel au-delà de la complicité s'élabore quelque-chose de soi-même.
Enfant je me voyait avec la figure héroïque d'un Hemingway, un Malraux ou un Cendrars.
Un roman n'a pas à dire la vérité, il peut bien plus que cela.