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C'est parce qu'il y a un vrai danger, de vrais échecs, une vraie damnation terrestre, que les mots de victoire, de sagesse ou de joie ont un sens.
Simone de Beauvoir
Dans son solide visage auvergnat, ses yeux étaient injectés de sang : pendant une ou deux heures, il ne décolérait pas.
Pour désirer laisser des traces dans le monde, il faut en être solidaire.
Elle avait épilé ses sourcils ; son visage s'était épaissi et légèrement couperosé.
Il n'y a qu'un travail autonome qui puisse assurer à la femme une authentique autonomie.
Je plaignais les grandes personnes dont les semaines étales sont à peine colorées par la fadeur des dimanches. Vivre sans rien attendre me paraissait affreux.
Incapable de s'accomplir dans la solitude, l'homme dans ses rapports avec ses semblables est sans cesse en danger : sa vie est une entreprise difficile dont la réussite n'est jamais assurée.
J'aimais la lune, elle me ressemblait et ils l'ont salie.
On ne meurt pas d'être né, ni d'avoir vécu, ni de vieillesse. On meurt de quelque chose.
La femme est vouée à l'immoralité parce que la morale consiste pour elle à incarner une inhumaine entité : la femme forte, la mère admirable, l'honnête femme etc...
Une loge de concierge à l'ancienne, avec un rideau plissé et des odeurs de cuisine.
Avec d'autres gens tu discutes, dit Nadine, dont la voix brusquement s'aigrit, avec moi tu ne veux jamais ; je suppose que c'est parce que je suis une femme ; les femmes, c'est juste bon à se faire baiser.
Nous sommes des hommes de gauche ; le mouvement gaulliste est soutenu par le grand capitalisme et il n'est pas question de nous allier à lui.
Ma soeur participa plusieurs fois à ces équipées ; pour se donner mauvais genre, elle mettait son chapeau de travers et croisait haut les jambes.
Dans les siècles révolus, dans le silence des êtres inanimés je pressentais ma propre absence : je pressentais la vérité, fallacieusement conjurée, de ma mort.
Je déteste ces femmes qui s'habillent comme des chaisières pour montrer qu'elles ont des idées sociales.
C'est le désir qui crée le désirable, et le projet qui pose la fin.
Si un seul homme peut être regardé comme un déchet, cent mille hommes ensemble ne sont qu'un tas d'ordures.
La frivolité des liaisons, des amours, des adultères bourgeois m'écoeurait.
La viande barbecue, c'est de la viande cuite à la broche, simplement.
Tandis que le garçon se recherche dans le pénis en tant que sujet autonome, la fillette dorlote sa poupée et la pare comme elle rêve d'être parée et dorlotée ; inversement, elle se pense elle-même comme une merveilleuse poupée.
On empêche la femme d'être politisée en l'empêchant de travailler.
Les pensées vont et viennent à leur guise dans notre tête, on ne fait pas exprès de croire ce qu'on croit.
Privée de ma liberté par un jeu de barrages et d'autocensures, je n'ai su ni créer un personnage ni tracer un portrait.
Se vouloir libre, c'est aussi vouloir les autres libres.
Économiquement hommes et femmes constituent presque deux castes ; toutes choses égales, les premiers ont des situations plus avantageuses, des salaires plus élevés, plus de chances de réussite que leurs concurrentes de fraîche date ; ils occupent dans l'industrie, la politique, etc., un beaucoup plus grand nombre de places et ce sont eux qui détiennent les postes les plus importants.
Ils multipliaient frénétiquement les dénonciations : Il est un autre droit que nous revendiquons, écrivait Brasillach, c'est d'indiquer ceux qui trahissent.
Vivre, c'est vieillir, rien de plus.
Il n'y eut que le vampire de Düsseldorf qui nous fit rêver, car nous pensions que pour comprendre quelque chose aux hommes, il faut interroger les cas extrêmes.
Le jeu, en déréalisant notre vie, achevait de nous convaincre qu'elle ne nous contenait pas.
Pour un peu avant-hier les journaux auraient eu à mentionner un nouveau cassage de gueule entre automobilistes.
Je suis un intellectuel. Ça m'agace qu'on fasse de ce mot une insulte : les gens ont l'air de croire que le vide de leur cerveau leur meuble les couilles.
Ni hommes ni femmes n'aiment se trouver sous les ordres d'une femme.
Aucune action ne peut se faire pour l'homme sans se faire aussitôt contre des hommes.
Est-elle tout à fait sotte ? Ou un peu demeurée ? Ou paralysée de timidité ?
Clarice : Et comment s'aime-t-on sur la terre ? - Jean-Pierre : On lutte ensemble.
Une mère qui fouette son enfant ne bat pas seulement l'enfant, en un sens elle ne le bat pas du tout : elle se venge d'un homme, du monde, ou d'elle-même.
Quel homme peut prévoir les conséquences de ses actes ?
La vérité est une seule, l'erreur est multiple. Ce n'est pas un hasard si la droite est pluraliste.
La femme n'est victime d'aucune mystérieuse fatalité : il ne faut pas conclure que ses ovaires la condamnent à vivre éternellement à genoux.
Le monde s'éclaira d'un jour neuf au moment où je vis dans le travail la source et comme la substance des valeurs.
Il me serra contre lui avec fougue ; et puis de nouveau il entra en moi. "Je veux que tu jouisses en même temps que moi, dit-il. Tu veux ? tu me diras : c'est maintenant..."
Comme il est difficile pour les Américains, même les Américains de bonne volonté, de ne pas se considérer comme le centre de l'univers !
Une cuiller pour maman, une pour bonne-maman... si tu ne manges pas, tu ne grandiras pas.
L'esclave qui obéit choisit d'obéir.
Pétrir la terre, creuser un trou ce sont des activités aussi originelles que l'étreinte, que le coït : on se trompe en y voyant seulement des symboles sexuels ; le trou, le visqueux, l'entaille, la dureté, l'intégrité sont des réalités premières.
L'intimité quotidienne ne crée ni compréhension ni sympathie.
Le 9 février au soir, le P.C. avait organisé une manifestation antifascite que la police contra brutalement, tuant six ouvriers.
Comme j'aime que tu existes.
Sexuellement, l'homme est sujet ; les hommes sont donc normalement séparés par le désir qui les pousse vers un objet différent d'eux ; mais la femme est objet absolu de désir.