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L'objet de la recherche ne doit pas être le surnaturel, mais le monde. Le surnaturel est la lumière ; si on en fait un objet, on l'abaisse.
Simone Weil
Le seul organe de contact avec l'existence est l'acceptation, l'amour.
La liberté d'expression totale, illimitée, pour toute opinion quelle qu'elle soit, sans aucune restriction ni réserve, est un besoin absolu pour l'intelligence.
Le beau est ce qu'on ne peut pas vouloir changer.
Jamais en aucun cas je ne consentirai à juger convenable pour un de mes semblables, quel qu'il soit, ce que je juge moralement intolérable pour moi-même.
La création est de la part de Dieu un acte non pas d'expansion de soi, mais de retrait, de renoncement. Dieu et toutes les créatures, cela est moins que Dieu seul.
Ce qui permet de contempler la nécessité et de l'aimer, c'est la beauté du monde. Sans la beauté ce ne serait pas possible.
Entre deux hommes qui n'ont pas l'expérience de Dieu, celui qui le nie en est peut-être le plus près.
Le malheur contraint à reconnaître comme réel ce qu'on ne croit pas possible.
Le Père fait être le Fils par amour, parce que le Fils est le Bien. Le Fils ne veut pas être par amour, parce que le Père seul est le Bien. Pour le Père, Dieu est le Fils. Pour le Fils, Dieu est le Père. Tous deux ont raison.
Le peuple a besoin de poésie comme de pain. Non pas la poésie enfermée dans les mots ; celle-la, par elle-même, ne peut lui être d'aucun usage. Il a besoin que la substance quotidienne de sa vie soit elle-même poésie.
L'enfer c'est de s'apercevoir qu'on n'existe pas et de ne pas y consentir.
La beauté séduit la chair pour obtenir la permission de passer jusqu'à l'âme.
Seul l'être humain a une destinée éternelle. Les collectivités humaines n'en ont pas. Aussi n'y a-t-il pas à leur égard d'obligations directes qui soient éternelles. Seul est éternel le devoir envers l'être humain comme tel.
Il n'y a qu'une seule et même raison pour tous les hommes ; ils ne deviennent étrangers et impénétrables les uns aux autres que lorsqu'ils s'en écartent.
Dieu ne juge pas : par lui les êtres se jugent.
La beauté est la seule valeur universellement reconnue.
L'attention est liée au désir. Non pas à la volonté, mais au désir. Ou plus exactement, au consentement.
Aimer la vérité signifie supporter le vide, et par suite accepter la mort. La Vérité est du côté de la mort.
Rien au monde ne peut empêcher l'homme de se sentir né pour la liberté. Jamais, quoi qu'il advienne, il ne peut accepter la servitude ; car il pense.
Tout ce qui est soumis au contact de la force est avili, quel que soit le contact. Frapper ou être frappé, c'est une seule et même souillure.
L'essentiel, c'est que le mot de beauté parle à tous les coeurs.
Les publications destinées à influer sur ce qu'on nomme l'opinion ne doivent porter aucun préjudice illégitime à aucun être humain.
J'ai beau mourir, l'univers continue. Cela ne me console pas si je suis autre que l'univers. Mais si l'univers est à mon âme comme un autre corps, ma mort cesse d'avoir pour moi plus d'importance que celle d'un inconnu.
Devoir de comprendre et de peser le système de valeurs d'autrui, avec le sien, sur la même balance. Forger la balance.
Dans notre société la différence d'instruction produit, plus que la différence de richesse, l'illusion de l'inégalité sociale.
Parmi les êtres humains, on ne reconnaît pleinement l'existence que de ceux qu'on aime.
Ne pas chercher à ne pas souffrir ni à moins souffrir, mais à ne pas être altéré par la souffrance.
Les hommes n'imaginent pas qu'on puisse leur infliger les malheurs qu'ils trouvent tout naturel d'infliger à autrui.
L'amour instruit les dieux et les hommes, car nul n'apprend sans désirer apprendre.
Une oeuvre d'art a un auteur, et pourtant, quand elle est parfaite, elle a quelque chose d'essentiellement anonyme. Elle imite l'anonymat de l'art divin. Ainsi la beauté du monde prouve un Dieu à la fois personnel et impersonnel, et ni l'un ni l'autre.
L'extrême pureté peut contempler le pur et l'impur ; l'impureté ne peut ni l'un ni l'autre : le premier lui fait peur, le second l'absorbe.
Frapper ou être frappé, c'est une seule et même souillure.
La haine de l'Etat, qui existe d'une manière latente, sourde et très profonde en France depuis Charles VI, empêche que des paroles émanant directement d'un gouvernement puissent être accueillies par chaque Français comme la voix d'un ami.
Impossible de pardonner à qui nous a fait du mal, si ce mal nous abaisse. Il faut penser qu'il ne nous a pas abaissé, mais a révélé notre vrai niveau.
La religion en tant que source de consolation est un obstacle à la véritable foi, et en ce sens l'athéisme est une purification.
Tuer par la pensée tout ce qu'on aime : seule manière de mourir.
L'homme voudrait être égoïste et ne peut pas. C'est le caractère le plus frappant de sa misère et la source de sa grandeur.
Le présent, nous y sommes attachés. L'avenir, nous le fabriquons dans notre imagination. Seul le passé, quand nous ne le refabriquons pas, est réalité pure.
Les collectivités ne pensent point.
La pensée fuit le malheur aussi promptement, ausssi irrésistiblement qu'un animal fuit la mort.
Le temps est notre supplice. L'homme ne cherche qu'à y échapper, c'est-à-dire échapper au passé et à l'avenir en s'enfonçant dans le présent, ou se fabriquer un passé ou un avenir à sa guise.
Toute forme de récompense constitue une dégradation d'énergie.
Aider la France à trouver au fond de son malheur une inspiration conforme à son génie et aux besoins actuels des hommes en détresse. Répandre cette inspiration, une fois retrouvée ou du moins entrevue, à travers le monde.
L'avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien ; c'est nous qui, pour le construire, devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même.
Le dogme du progrès déshonore le bien en en faisant une affaire de mode. C'est d'ailleurs seulement parce que l'esprit historique consiste à croire les meurtriers sur parole que ce dogme semble si bien répondre aux faits.
L'acquisition des connaissances fait approcher de la vérité quand il s'agit de la connaissance de ce qu'on aime, et en aucun autre cas.
L'hitlérisme consiste dans l'application par l'Allemagne au continent européen, et plus généralement aux pays de race blanche, des méthodes de la conquête et de la domination coloniales.
Nous ne possédons rien au monde - car le hasard peut tout nous ôter - sinon le pouvoir de dire je. C'est cela qu'il faut donner à Dieu, c'est-à-dire détruire. Il n'y a absolument aucun autre acte libre qui nous soit permis, sinon la destruction du je.
Ce monde est la porte d'entrée. C'est une barrière. Et, en même temps, c'est le passage.