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Le sacré peut nous rassembler, dans ce monde qui ressemble à un archipel. Tant qu'il y aura du respect pour lui, tant que subsistera une révérence pour le mystère de l'âme, tout ne sera pas complètement perdu.
Sonia Mabrouk
S'indigner pour le montrer est une maladie contemporaine qui s'affiche de manière obscène sur les réseaux sociaux. Journalistes, philosophes et responsables politiques se sentent désormais obligés de réagir pour réagir. L'indignation est la seule arme qui reste quand la diplomatie a échoué. Elle est devenue l'expression des faibles.
Tu peux aimer quelqu'un d'un amour passionné, tout en étant lucide et même critique. L'amour n'est pas forcément aveugle. C'est mon cas, vis-à-vis de la France. J'aime ce pays et son histoire avec ses grandes figures, mais je connais aussi ses moments moins glorieux.
De la vision de l'islam à la place de la femme, du terrorisme jusqu'à la notion d'identité, toutes les grandes questions contemporaines sont appréhendées à travers le vécu des deux femmes que nous sommes. De deux générations.
Le sentiment d'appartenance ne se mesure pas au nombre de papiers ni de passeports. Ce n'est pas en supprimant la double nationalité que l'on résoudra le problème, réel, des failles dans notre communauté nationale. C'est un fantasme ! Un fantasme, je te dis !
La France n'est pas multiculturelle et ne peut l'être.
"Je suis Charlie", ce n'est pas une obligation, c'est une conviction. […] Être "Charlie", c'est défendre un bien précieux, la liberté d'expression, c'est la liberté de caricaturer, c'est la liberté de transgresser. C'est aussi l'héritage d'un certain esprit français.
La fiction permet d'aller plus loin dans les sentiments, dans la contradiction des sentiments.
J'ai toujours été frappée par l'incrédulité que manifestent les parents de ces djihadistes lorsqu'ils apprennent les véritables intentions de leur progéniture. Comme s'ils ne pouvaient accepter, ni même imaginer l'impensable. Je me souviens d'un reportage de la télévision tunisienne, où l'on voyait un père, la mine désespérée, s'exprimer sur le départ de son fils.
La civilisation chrétienne est forte grâce à ses valeurs. Elle survivra si les valeurs chrétiennes sont défendues et portées haut et fort par les chrétiens en France et ailleurs dans le monde.
Tant que subsistera une révérence pour le mystère de l'âme, tout ne sera pas complètement perdu.
J'ai été très étonné que les intellectuels ne s'emparent pas davantage de l'exemple d'Arnaud Beltrame qui, par sa foi, sa foi chrétienne, n'ayons pas honte de le dire, son héroïsme, son geste absolu, fait perdurer ces valeurs universelles. Nous avons en commun ces valeurs-là. Moi, je suis musulmane, mais j'adhère pleinement à la civilisation occidentale. Je ne peux donc pas dire qu'elle va mourir.
Je suis musulmane mais j'adhère pleinement à la civilisation occidentale.
Mon ambition, c'est de durer dans ce métier, je ne veux pas être une étoile filante. J'ambitionne de bien faire mon métier, je veux prendre le temps d'installer une image, un ton parfois avec un peu d'impertinence.
Est-ce qu'on peut condamner des enfants aussi vite, sans essayer de les sauver ? Je ne suis pas du tout naïve, je les sais endoctrinés, mais ils ont le droit à une seconde chance. Je veux croire, on doit croire, qu'ils peuvent changer, se racheter, ne pas suivre le destin d'assassins qu'on leur promet, sinon le monde est foutu.
J'aime également Milan Kundera. D'ailleurs j'emprunte l'une de ses expressions. C'est lui qui m'a inspiré le personnage de Lena. Dans une interview, il parle d'une exilée de l'intérieur. C'est ce que nous sommes. On est écartelés entre pragmatisme et humanisme par rapport à ces enfants.
Moi je voulais mettre le doigt sur un impensé dans notre société. Quand on parle du retour de jihadistes majeurs, tout le monde a un avis tranché. Quand on parle du retour de l'enfant il est impossible qu'il n'y ait pas un doute qui les tenaille. SI on ne croit pas en la rédemption de l'enfant on ne croit plus en l'école, on ne croit plus en la France...
Certains "lionceaux" de Daech vont devenir des terroristes, mais pas tous. C'est une réalité nuancée. Je voulais parler de cette partie qui ne le sera pas. Et cette partie-là, je voulais la rattacher à ce qu'il y a de plus beau, de plus fort, la littérature. C'est le point culminant de la transcendance. Il y a un moyen de s'en sortir.