Images
Les êtres qui paraissent froids et qui ne sont que timides, adorent dès qu'ils osent aimer.
Sophie Swetchine
Il n'y a d'insupportables dans les défauts des autres que ceux que nous rencontrons en nous-mêmes.
Souvent on n'est prophète pour les autres que parce qu'on est historien pour soi-même.
La générosité croit toujours devoir ce qu'elle donne.
Pour l'esprit aussi il y a une verve, une faconde, un éclat, une animation qui tient à la jeunesse, et répond à ce qu'on appelle pour le corps la beauté du diable.
Si la jeunesse est la plus belle des fleurs, la vieillesse est le plus savoureux des fruits.
La tristesse doit être muette ; la force s'échappe trop avec la plainte.
Résistons sans crainte à l'opinion du monde, pourvu toutefois que notre respect pour nous-même croisse en proportion de notre indifférence pour elle.
L'affection trop désintéressée n'est au fait qu'une très généreuse aumône : la véritable amitié veut bourse commune et tient autant à ses droits qu'à ses devoirs.
Ceux qui nous rendent heureux nous savent toujours gré de l'être ; leur reconnaissance est le prix de leurs propres bienfaits.
Il est des âmes qui, semblables aux pontifes de l'ancienne loi, ne vivent que des sacrifices qu'elles offrent.
Le sourire sur les lèvres du vieillard, ainsi que les rayons du soleil couchant, pénètre l'âme d'une émotion douce et triste : c'est encore un rayon, c'est encore un sourire, mais ils peuvent être les derniers.
Il est des coupables dont la justification n'est nulle part, et l'excuse partout.
L'attention est une tacite et continuelle louange.
L'orgueil de l'esprit est moins révolté des obscurités de la for que de l'autorité qu'elle revêt.
Notre vanité est sans cesse l'ennemie de notre amour-propre.
Il n'y a que deux futurs que l'homme puisse s'appliquer avec certitude et sans orgueil : Je souffrirai, je mourrai.
Avoir des idées, c'est cueillir des fleurs ; - penser, c'est en tresser des couronnes.
Nous ne voyons que dans le passé et nous regardons toujours dans l'avenir.
Ne nous lassons pas de jeter sur notre route des semences de bienveillance et de sympathie. Sans doute il en périra beaucoup, mais, s'il en est une seule qui lève, elle embaumera notre route et réjouira nos yeux.
Il y a des gens qui ne parlent jamais d'eux-mêmes ; mais c'est pour y penser toujours.
Le silence est comme la nuit qui descend : les objets s'y perdent insensiblement.
Le monde n'accorde quelque compassion qu'aux peines positives. Il consent à plaindre ce que vous perdez, jamais ce qui vous manque.
C'est prodigieux, ce que ne peuvent pas ceux qui peuvent tout.
Les qualités destinées à servir au bonheur des autres restent trop souvent oisives et concentrées en elles-mêmes ; c'est comme une lettre charmante qui n'a point été envoyée.
Toute chaîne fatigue, et si on la secoue elle déchire ; Dieu sans doute a permis cela afin qu'un seul fardeau fût léger, qu'un seul joug fût doux.
C'est surtout dans les combats que les passions nous livrent qu'il est juste de dire : Voe victis !
A combien de signes futiles, de superstitieuses inductions, n'attachons-nous pas notre destinée, lorsqu'un puissant besoin de bonheur nous presse !
Malheur à celui qui, dans le calme de son coeur, peut désirer mourir tant qu'il lui reste un sacrifice à faire, un bonheur à soigner, des besoins à prévenir, des larmes à essuyer !
Au fond, il n'y a dans la vie que ce qu'on y met.
La seule bonne manière d'agir dans le monde est d'être avec lui, sans être à lui.
D'ailleurs qui osera aimer s'il ne sait souffrir ? Le courage est au fond de la véritable affection comme il est au fond de toutes les vertus.
Celui qui pour donner ne s'est point imposé de privations, n'a fait qu'effleurer les joies de la charité. Nous devons notre superflu, et le bonheur dans le devoir, c'est d'en dépasser les limites.
L'idéal de l'amitié, c'est de se sentir un et de rester deux.
Toutes les joies de la terre n'assouviraient pas encore notre soif de bonheur, et une seule douleur suffit pour envelopper la vie d'un sombre voile, pour la frapper de néant sur tous les points !
Jamais deux personnes n'ont lu le même livre, ni regardé le même tableau.
Avoir beaucoup souffert c'est, comme ceux qui savent beaucoup de langues, avoir appris à tout comprendre et à se faire comprendre de tous.
Montrer imprudemment ce qu'il y a de plus vulnérable dans notre sensibilité, c'est inviter à y frapper. Achille, le demi-dieu, n'avait mis personne dans sa confidence.
Il y a beaucoup d'années que j'écrivais : Un ami, c'est un être prêt à déplaire cent fois pour servir une fois.
Il n'y a d'immobile dans la vie que les souvenirs : nous ne sommes sûrs de garder intact que ce que nous avons perdu.
J'aimerais mieux choisir mes peines que mes plaisirs, par la raison que je crains plus les unes que je n'espère des autres.
Il y a des gens qui ne donnent jamais leur coeur, ils le prêtent et encore à usure.
L'indulgence est comme le parfum de la vérité.
Les meilleurs conseils sur l'art d'être heureux sont aussi faciles à suivre que celui de se bien porter quand on est malade.
On peut être revenu de tout et n'être blasé sur rien.
La chrysalide est l'image du vieillard. Il végète, il est engourdi, mais il vivra ! et c'est pendant ce sommeil et cette impassibilité passagère que se forment les ailes qui le porteront à l'immortalité.
On s'attend à tout, et on n'est jamais préparé à rien.
La bonté nous fait apprendre et nous fait oublier bien des choses.
On n'est riche que de ce que l'on donne, et pauvre seulement de ce qu'on refuse.
Quand de nouveaux chagrins nous ont fait faire quelques pas dans la bonne voie, il n'est pas permis de se plaindre. C'est avoir placé à fonds perdu, mais la rente reste.