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Le génie ne désire jamais ce qui n'existe pas.
Søren Kierkegaard
L'angoisse est le vertige de la liberté.
Il est magnifique d'être vêtu comme le lis ; il est encore plus glorieux d'être le souverain debout ; mais la gloire suprême est de n'être rien, en adorant.
Se taire est dans le camp de la réflexion, c'est savoir parler, notamment de toute autre chose.
Dieu sait si elles trouvent, les jeunes filles qui cherchent une place de bonne à tout faire ou, à défaut, de bonne à faire n'importe quoi.
La porte du bonheur ne s'ouvre pas vers l'intérieur, et il ne sert donc à rien de s'élancer contre elle pour la forcer. Elle s'ouvre vers l'extérieur. Il n'y a rien à faire.
Chose curieuse, on éprouve toujours les mêmes préoccupations à tous les âges de la vie et, loin de progresser, on va plutôt en reculant.
On n'est jamais timide que dans la mesure où on est vu, mais on est toujours vu que dans la mesure où on voit.
Ma mélancolie est l'amante la plus fidèle que j'aie connue ; quoi d'étonnant que je l'aime en retour ?
Amener une jeune fille à voir dans l'abandon total l'unique tâche de sa liberté.
Manquer de possible signifie que tout nous est devenu nécessité et banalité.
J'emploie ainsi mon temps : une moitié à dormir et l'autre à rêver. Quand je dors, je ne rêve jamais, ce serait dommage ; dormir, c'est le comble du génie.
L'individu dans son angoisse du péché produit le péché.
Derrière le monde dans lequel nous vivons, loin à l'arrière-plan, se trouve un autre monde ; leur rapport réciproque ressemble à celui qui existe entre les deux scènes qu'on voit parfois au théâtre, l'une derrière l'autre.
Qu'il est beau d'être épris et intéressant de le savoir ; ce n'est pas la même chose.
La meilleure preuve de la misère de l'existence est celle qu'on tire de la contemplation de sa magnificence.
L'innocence n'est pas une perfection dont on doive souhaiter le retour ; car la souhaiter, c'est déjà l'avoir perdue et c'est alors un péché nouveau que de perdre son temps en souhaits.
L'humoriste, comme le fauve, va toujours seul.
Comme l'or à l'état pur se trouve mélangé avec toutes sortes de substances impures et hétérogènes, ainsi la conscience, dans l'état immédiat, a en elle des éléments qui sont tout le contraire d'elle.
La mère aimante apprend à son enfant à marcher seul.
Seuls les grands esprits sont exposés à ce que j'appelle des paradoxes, qui ne sont autre chose que des pensées grandioses, mais imparfaites.
Toute relation érotique doit être vécue de manière qu'il vous soit facile d'en évoquer une image avec tout ce qu'il y a de beau en elle.
La résistance est le péché de l'intelligence.
Le mariage est et restera le voyage de découverte le plus important que l'homme puisse entreprendre ; toute autre connaissance de l'existence, comparée à celle d'un homme marié, est superficielle, car lui et lui seul a vraiment pénétré l'existence.
Plus on pense de façon objective, moins on existe.
La vieillesse réalise les rêves de la jeunesse. Témoin Swift : en sa jeunesse, il fit construire une maison de fous ; devenu vieux, il y entra.
Sans le péché, point de sexualité, et sans sexualité, point d'histoire.
On ne souffre qu'une fois On vainc pour l'éternité.
La jouissance proprement dite ne réside pas dans la chose dont on jouit, mais dans l'idée qu'on s'en fait.
En toute occasion où ma réflexion s'applique à l'amour, je ne retiens que contradiction.
Dans le possible, le croyant détient l'éternel et sûr antidote du désespoir ; car Dieu peut tout à tout instant. C'est là la santé de la foi, qui résout les contradictions.
C'est là le paradoxe suprême de la pensée que de vouloir découvrir quelque chose qu'elle-même ne puisse penser.
Aussi longtemps que l'éternel et l'historique restent extérieurs l'un à l'autre, l'historique n'est que l'occasion.
... l'angoisse en soi n'est pas belle, elle ne l'est qu'à l'instant où l'on s'aperçoit de l'énergie qui la surmonte.
On ne peut comprendre la vie qu'en regardant en arrière ; on ne peut la vivre qu'en regardant en avant.
Dans la mesure où la vérité peut s'apprendre, il faut bien présupposer qu'elle n'est pas ; en tant donc qu'elle doit être apprise, on la cherche.
Pour un homme cultivé, voir une farce c'est comme jouer à la loterie, sans le désagrément de gagner de l'argent.
... un moyen très utile pour se mettre en rapport avec une jeune fille, c'est de lui prêter des livres.
Ce qui manque le plus quand on s'égare, c'est toujours ce dont on se doute le moins - évidemment, car y penser, ce serait se retrouver.
J'aimerais écrire une réplique au Journal du Séducteur. Ce serait une figure féminine - journal d'une hétaïre qui vaudrait la peine qu'on l'esquisse.
Le baiser d'un enfant, c'est l'âme de sa mère !
Il est précisément correct de ne pas être compris, car par là, on est garanti contre tous les malentendus.
S'introduire comme un rêve dans l'esprit d'une jeune fille est un art, en sortir est un chef-d'oeuvre.
... quelle arme est aussi tranchante, aussi pénétrante, dans son mouvement aussi luisante et, grâce à cela, aussi décevante qu'un regard ?
Il ne peut y avoir un système de l'existence.
Ce que les philosophes disent de la réalité est souvent aussi décevant que l'affiche qu'on a pu voir chez un marchand de bric-à-brac : "ici on repasse". Apporte-t-on son linge à repasser, on est dupé : l'enseigne est à vendre.
Une jeune fille devrait toujours s'éprendre d'un zéphyr ; nul humain ne sait comme lui, en la lutinant, rehausser sa beauté.
Quelle force de rajeunissement possède une jeune fille ; ni l'air frais du matin, ni le murmure du vent, ni la douce brise marine, ni le bouquet du vin, ni ses suaves délices, rien au monde n'a cette vertu de jouvence.
Je suis un poète, mais je ne veux pas être un poète pour d'autres. Je dévorerai mes propres poèmes et j'en vivrai.
Il est trop peu d'en aimer une seule... en aimer le plus grand nombre possible, voilà qui est jouir, voilà qui est vivre.