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Les passions sont autant d'idoles auxquelles on offre des sacrifices, et soi-même en victime
Stanislas Leszczinski
Il est rare qu'un malheureux ait des parents, plus rare encore qu'il ait des amis.
Avant de condamner les Barbares qui n'annoncent la guerre que par une subite irruption dans les terres de leurs ennemis, je voudrais savoir ce qu'ils pensent de nos brillants manifestes qui l'annoncent souvent sans justice et sans raison.
La modestie est également utile à l'homme qui a du mérite, et à celui qui n'en a pas ; dans l'un elle le prouve, daus l'autre elle en cache le défaut.
On peut faire grâce à un homme d'esprit de quelques qualités de l'esprit ; mais on ne fait grâce à l'honnête homme d'aucune qualité du ceour. On doit les avoir toutes, ou travailler du moins à les acquérir. Le mérite du ceour est indivisible.
Il faut que la couronne soit juste à la tête de celui qui la porte, afin que rien n'aille de travers.
On porte légèrement un fardeau qu'on s'impose soi-même.
Le bonheur est un excellent breuvage, plus souvent versé dans des vases de fougère que dans des coupes d'or.
La vie n'a qu'un temps, la mort a des siècles.
La meilleure politique dans la conduite de la vie est celle de n'en avoir aucune.
La véritable valeur brave le péril sans négliger les ressources.
L'envie de plaire n'est louable qu'autant que l'on cherche à se faire estimer.
Un roi de Pologne fut appelé le roi des paysans, parce qu'il se plaisait à les protéger, à les défendre ; était-ce un titre d'ignominie ou de gloire ? Je laisse à la philosophie à en décider.
On ne comprend bien le mérite des grands hommes, que lorsqu'on est fait soi-même pour le devenir ; le génie ne parle qu'au génie.
La plus belle bibliothèque est celle qui est le mieux arrangée dans la tête.
Cesser d'écouter un beau parleur est le plus sûr moyen de le faire taire.
Les conseils que l'on donne aux princes, ne sont utiles, pour l'ordinaire, qu'à ceux qui les donnent.
11 faut honorer l'homme dans les malheureux, et ne pas les dégrader plus qu'ils ne le sont par leur misère.
De toutes nos vertus, il n'est que la patience que nous perdons pour rien.
Nous avons su asservir les éléments, et nous ne savons pas maîtriser nos passions.
C'est souvent gagner un procès que de ne le plus poursuivre.
Avec de l'ordre, la médiocrité peut faire ce que ne peut point l'abondance qui n'a pas de règle.
Un luxe d'esprit suit presque toujours le luxe des moeurs.
Le prince qui exerce la clémence, jouit plus que celui qui l'obtient.
Si on fait valoir sa généalogie par l'antiquité, on se met au niveau de tout le genre humain par l'époque de la création.
La religion n'a rien de plus à craindre que de ne pas être suffisamment comprise.
On n'estimerait pas les richesses, si elles ne fournissaient à la vanité le plaisir d'avoir ce que les autres n'ont pas.
Pour être applaudi de ce qu'on fait, il ne faut pas trop s'en applaudir soi-même.
Il est peu d'amis qui ne souffrent un conseil ; il n'en est point qui ne rejettent la censure.
C'est augmenter son bonheur et ses plaisirs, que de savoir les ménager.
Les neouds de l'amitié sont à présent si fragiles, qu'ils se rompent d'eux-mêmes : il ne font que rapprocher les ceours sans les unir.
Il faut un peu d'art pour se faire aimer ; l'amitié seule n'inspire pas toujours l'amitié.
La gaieté est la santé de l'âme, la tristesse en est le poison.
Il y a des gens qui craignent si fort l'ennui que la seule crainte de l'éprouver en devient un ennui.
Un héros n'est fait que pour subjuguer et détruire. Un roi ne doit s'étudier qu'à rendre ses sujets bons et heureux. Il faut nécessairement des ennemis à l'un pour se faire un nom ; l'autre n'a besoin pour sa gloire que d'être aimé de ses peuples.
Moins on exige des autres, et plus souvent on obtient.
On vend ou l'on prête ses bienfaits, dès qu'on ne s'en trouve pas payé par le seul plaisir de bien faire.
Un pauvre qui n'a rien, est peu différent d'un avare qui se laisse manquer de tout.
Les compliments sont une fausse monnaie dont on paye souvent de bons services rendus.
Peu de gens valent mieux que leur réputation. Combien n'en est-il pas qui valent beaucoup moins ?
Un ceour sensible fait bien souffrir, on a meilleur marché de son esprit, il est peu de choses qui l'intéressent.
Quiconque met de l'importance aux petiu choses, est sujel à traiter légèrement les plus essentielles.
La noblesse serait un état bien plus distingué, si l'on pouvait ennoblir les sentiments.
Au bout d'une génération, tout sera égal entre le plus heureux et le plus misérable.
Un grand génie déplacé ne paraît qu'un homme ordinaire.
Rien n'importe tant que de conserver sa réputation ; une fois flétrie, elle ne se retrouve jamais.
On blâme pour l'ordinaire ce qu'on ne peut imiter.
La voix publique est un jugement sans appel.
La marque la plus infaillible de l'ignorance, c'est la superstition.
Il est dans le monde un plaisir plus vrai, plus sensible, que celui de satisfaire ses passions, c'est la satisfaction même qu'on éprouve à les vaincre.
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