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On peut tout fuir, sauf sa conscience.
Stefan Zweig
Brusquement elle mesurait l'immense richesse de la vie et elle sut que plus une seule heure de son existence ne pourrait être pauvre et maintenant que tout allait vers sa fin, elle pressentait un commencement.
Le terrible acide qui s'appelle Paris dissout les uns, les ronge, les élimine et les fait disparaître, tandis qu'il cristallise, durcit et pétrifie les autres.
Les Échecs. Le seul d'entre tous les jeux qui échappe à la tyrannie du hasard.
Les hommes sont corrompus par les idéologies, ils pensent en terme de politique et de morale. Aujourd'hui la patrie signifie meurtre et esclavage.
L'animal, qui ne maîtrise pas la parole, est obligé de concentrer toute son expression dans sa pupille.
L'histoire ne tolère aucun intrus, elle choisit elle-même ses héros et rejette sans pitié les êtres qu'elle n'a pas élus, si grande soit la peine qu'ils se sont donnée.
... que peuvent se rappeler en effet les femmes de leur âme de jeune fille assoiffée de miracles dont les songes sont pareils à des fleurs blanches, fines et délicates, emportées par le premier souffle de la réalité ?
Il n'y a pas d'intelligence philologique possible, si l'on ne pénètre pas la vie même ; il n'y a pas d'étude grammaticale des textes sans la connaissance des valeurs.
Les postes importants sont dangereux pour des hommes moyennement doués ; quand on doit se dépasser soi-même, cela transforme le caractère.
L'individu est toujours plus fort que l'idée, mais il faut seulement qu'il reste lui-même, qu'il n'abdique pas sa propre volonté.
Toujours une génération doit sa liberté extérieure à la liberté intérieure d'un seul individu.
Il est rare que la vérité rattrape le terrain perdu sur la légende.
Une idée animée par le génie et portée par la passion est plus forte que tous les éléments réunis.
Quand on a tout perdu, on lutte comme un désespéré pour sauver les restes suprêmes.
Je regardais là-haut, toujours là-haut : là il y avait de la lumière, là était la maison, là tu étais, toi mon univers.
Les contemporains d'une oeuvre ou d'un homme en perçoivent rarement d'emblée la grandeur.
La vie est tellement plus belle que la littérature ! Je plains la littérature ! C'est une escroquerie !
Mais, si dépourvues de matière qu'elles paraissent, les pensées aussi ont besoin d'un point d'appui, faute de quoi elles se mettent à tourner sur elles-mêmes dans une ronde folle.
Tous les prodiges n'avaient-ils pas leur reflet dans la réalité, et ne retrouvait-on pas dans chaque instant d'une vie naissante la splendeur de l'inaccessible et le bruissement de ce qui sera pour toujours incompréhensible ?
Ce qu'un homme durant son enfance, a pris dans son sang de l'air du temps ne saurait plus en être éliminé.
Nous vivons des myriades de secondes et, pourtant, il n'y en a jamais qu'une, une seule, qui met en ébulition tout notre monde intérieur : la seconde où la fleur interne, déjà abreuvée de tous les sucs, réalise comme un éclair sa cristallisation.
Le seul jeu qui appartienne à tous les peuples et à toutes les époques, et dont nul ne sait quel dieu l'a apporté sur terre pour tuer l'ennui, pour aiguiser l'esprit, pour stimuler l'âme. Où commence-t-il, où finit-il ?
Car jamais un acte n'est décisif par lui-même ; ce qui compte, c'est la connaissance de cet acte, et ses conséquences.
Montaigne a fait la tentative la plus difficile qui soit sur terre : vivre par soi-même, être libre et le devenir toujours plus.
Il est intolérable de rester le regard fixé sur sa vie durant sur un seul point de son existence.
La pause, elle aussi, fait partie de la musique.
On ne sent vraiment bien le poète que dans le moment de passion de ses héros.
La passion de gagner, de vaincre, de me vaincre moi-même devenait peu à peu une sorte de fureur ; je tremblais d'impatience, car l'un des deux adversaires que j'abritais était toujours trop lent au gré de l'autre.
Vieillir n'est, au fond, pas autre chose que n'avoir plus peur de son passé.
Daigne, je t'en supplie, ne pas te lasser d'entendre parler de moi un quart d'heure, moi qui, toute une vie, ne me suis pas lassée de t'aimer.
C'est une morte qui te raconte sa vie, sa vie qui a été à toi, de sa première à sa dernière heure de conscience. N'aie pas peur de mes paroles : une morte ne réclame plus rien elle ne réclame ni amour, ni compassion, ni consolation.
D'autres explorateurs pourront faire encore des découvertes de détail, qui complèteront l'image qu'on a du monde, mais sa forme fondamentale a été donnée par Magellan.
Séparés tout ce temps par une distance infranchissable, ils ressentaient désormais avec une violence décuplée cette proximité retrouvée qui se passait de mots.
Moi qui pour mon malheur ai toujours eu une curiosité passionnée pour les choses de l'esprit...
La gratitude rend heureux parce qu'on en fait si rarement l'expérience tangible.
Plus un individu vit avec son temps, plus il meurt avec lui. Plus un individu garde en lui de sa véritable essence, plus il reste de lui à la postérité.
A chaque fois, je parvenais à la même conclusion si tout le monde se faisait confiance, il n'y aurait pas de police, pas de tribunaux, pas de prisons et... pas d'argent.
Seul l'individu introduit l'indépendance dans le monde, et toujours pour lui seul.
Les monomaniaques de tout poil, les gens qui sont possédés par une seule idée m'ont toujours spécialement intrigué, car plus un esprit se limite, plus il touche par ailleurs à l'infini.
L'organisation émane des grands esprits, l'humain procède des petits.
Assurément je connaissais par expérience le mystérieux attrait de ce "jeu royal", le seul entre tous les jeux inventés par les hommes qui échappe souverainement à la tyrannie du hasard, le seul où l'on ne doive sa victoire qu'à son intelligence ou pl
L'inconscient est le secret le plus profond de tout homme.
Le calme est un élément créateur. Il rassemble, il purifie, il ordonne les forces intérieures.
Il n'est qu'une erreur et qu'un crime : vouloir enfermer la diversité du monde dans des doctrines et des systèmes. C'est une erreur que de détourner d'autres hommes de leur libre jugement, de leur volonté propre.
... tout esprit vient du sang, toute pensée vient de la passion, toute passion de l'enthousiasme...
Pensez vos propres pensées et non pas les miennes ! Vivez votre vie ! Ne me suivez pas aveuglément, restez libres ! Celui qui pense librement pour lui-même honore toute liberté sur terre.
Quelqu'un qui n'éprouve plus rien ne vit que par les nerfs, à travers l'agitation passionnée des autres, comme au théâtre ou dans la musique.
L'amour ne devient vraiment lui-même qu'à partir du moment où il cesse de flotter, douloureux et sombre, comme un embryon, à l'intérieur du corps, et qu'il ose se nommer, s'avouer du souffle et des lèvres.
Seul celui qui a appris de bonne heure à épanouir largement son âme est plus tard à même de saisir en lui le monde entier.