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L'individu doit être plus fort que l'idée, il faut seulement qu'il reste lui-même, qu'il n'abdique pas sa propre volonté. Il faut seulement qu'il sache qu'il est un homme et qu'il veut le rester.
Stefan Zweig
Dans toute action qu'on entreprend, il y a quelque chose qui finit, à la longue, par vous déformer.
... toute souffrance est lâche : elle recule devant la puissance du vouloir-vivre qui est ancré plus fortement dans notre chair que toute la passion de la mort ne l'est dans notre esprit.
J'aurais presque crié, tellement me faisait mal cette lame d'acier chauffée à blanc qui pénétrait en moi, toujours plus implacable.
Je me sens maudit, pareil à un malade, à un infirme, car je suis totalement différent des autres et j'ai envie de pleurer, en constatant que je suis inférieur, plus mauvais, plus inutile, je suis...
Le pouvoir est comme la tête de Méduse : celui qui en a vu la figure ne peut plus en détourner son regard, reste fasciné et charmé. Celui qui, une fois, a goûté à l'ivresse de la domination et du commandement ne peut plus s'en passer.
On peut appartenir à son peuple, mais quand les peuples sont devenus fous on n'est pas obligé de l'être aussi. Tu as beau être déjà pour eux un chiffre, un numéro, un instrument, de la chair à canon, tu es encore un être vivant capable de refuser.
Celui qui n'est pas passionné devient tout au plus un pédagogue ; c'est toujours par l'intérieur qu'il faut aller aux choses, toujours, toujours en partant de la passion.
Alors la pierre qui pèse sur mon âme sera soulevée, elle retombera de tout son poids sur le passé, et l'empêchera de resurgir encore une fois.
La véritable Angleterre, c'est Shakespeare et les Shakespeariens ; tout ce qui précède n'est que préparation, tout ce qui suit n'est qu'une contrefaçon boiteuse de cet élan original et hardi vers l'infini.
La vérité à demi ne vaut rien, il la faut toujours entière.
Seul celui qui a vécu la maladie connaît tout le bonheur de l'homme en bonne santé, seul l'insomniaque connaît la douceur du sommeil retrouvé.
Comme elle avait dû soufrir, la pauvre, de mon innocent bavardage, tandis qu'étendue sur le gril brûlant de l'impatience elle attendait, l'âme tremblante, un premier geste de tendresse ou tout au moins que je m'aperçusse de son amour !
... cette façon magique de se tromper soi-même que nous appelons le souvenir...
Toute ma vie, depuis que je suis sortie de l'enfance, a-t-elle été autre chose qu'une attente, l'attente de ta volonté ?
La peur est pire que la punition, car cette dernière est précise importante ou minime, elle est toujours préférable à la tension horrible et diffuse de l'incertitude.
L'inactivité ne peut que mener à la mélancolie, et cette mélancolie à son tour à une forme de haine envers cette gaieté provocante et épuisante pour tout être normal.
Il n'y a que les pauvres qui puissent être aussi sincèrement reconnaissants, eux seuls, pour qui le comble de la jouissance est un plaisir gratuit, offert en quelque sorte par le ciel.
Qu'est-ce qu'un serment ? Un mot, emporté par le vent.
N'est-il pas diablement aisé de se prendre pour un grand homme quand on ne soupçonne pas le moins du monde qu'un Rembrandt, un Beethoven, un Dante ou un Napoléon ont jamais existé ?
... ce béatifique sentiment de vivre la vie la plus profonde et la plus vraie au milieu des choses étrangères...
Il ne faut pas beaucoup de bonne volonté (et vous avez une bonne volonté étonnante, ajouta-t-elle en souriant légèrement) pour découvrir dans chaque crime une passion et, grâce à cette passion, une excuse.
Les adages sont une forme ouverte : on peut ajouter ce que l'on veut, là où on le veut. Ce sera la même chose plus tard dans les Essais de Montaigne.
Pour pouvoir aider les autres, il faut avoir soi-même ce sentiment que les autres ont besoin de vous.
O morne infini des années venues s'interposer entre hier et aujourd'hui, ô grisaille de la mer séparant des rivages perpétuellement invisibles, séparant deux coeurs !
Ma vie est une danse entre les souvenirs et les espérances, telle une chimère qui me fait peur à moi-même.
Elle n'avait jamais su l'importance que peut revêtir un individu pour un autre, car elle n'avait jamais été solitaire.
Il ne sert à rien d'éprouver les plus beaux sentiments si l'on ne parvient pas à les communiquer.
Avec entêtement je poursuivais mon forage vers le noyau de feu que je croyais sentir, comme un volcan, sous le rocher de son silence.
L'absence d'action masque toujours une lâcheté de l'âme.
Ceux qui tombent entraînent souvent dans leur chute ceux qui se portent à leur secours.
... c'était une faute de se préoccuper des signes, de les rechercher, au lieu d'attendre que leur heure arrive et qu'ils se révèlent...
Aux échecs, comme en amour, il faut un partenaire.
... le beau rêve des choses inachevées où l'on se contente de souhaiter sans oser exiger, de promettre sans donner.
Dans la vie de chaque homme il est une grandeur - Qui l'inspire, et qui seule lui permet de préférer - La vie au sommeil, à la mort, et à tous - Les secrets de ce qui reste inerte et sans désir.
Mais la raison n'avait aucun pouvoir sur ma passion ardente...
Mais on ne peut pas se débarrasser de ce que nous appelons, d'une expression très incertaine, la conscience.
(Les miracles) ne se produisent que dans l'âme de celui qui les attend.
... cet homme possédait le pouvoir magique d'exprimer ses sentiments par le mouvement et par le geste.
Qui éprouve de vifs sentiments observe peu. Les gens heureux sont de mauvais psychologues. Seul l'individu inquiet aiguise ses sens au maximum. L'instinct du danger lui insuffle une perspicacité qui dépasse de loin celle qui lui est naturelle.
La raison et la politique suivent rarement le même chemin.
Toute vie qui ne se voue pas à un but déterminé est une erreur.
Toujours la nuit excite l'imagination et enivre l'espoir du doux poison des rêves.
Oui, mon cher lieutenant, il faut savoir dominer sa pitié, sinon elle cause plus de dégâts que la pire indifférence.