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Trop de facilité recouvre l'âme de suie.
Sylvain Tesson
Une chute d'eau pleurait dans une vallée de larmes.
La terre est un palimpseste gratté et retravaillé à chaque génération par le gribouillage du piétinement.
Aucun arc d'ogive n'a décoché de flèche gothique.
Clairière : le living-room des forêts.
Les génies transhumanistes du futur parc de techno-science ne réussiront jamais à créer une NA (nostalgie artificielle). Il est bon de pratiquer des activités à haute teneur nostalgique. L'escalade des parois : nostalgie du primate. La lecture : nostalgie du silence. La contemplation des bêtes : nostalgie des temps où l'homme était en minorité.
Guêpes : la Luftwaffe des champs.
Moisson de blé en Afghanistan : des manoeuvres travaillent pour des bouchées de pain.
Chaque été des millions de gens ont beau prendre la route, elle est toujours là.
Chasseur : vandale qui détruit les oeuvres de Pan.
Chaque oiseau choisit sa branche à l'université des arbres.
Y a-t-il des mers enchaînées ?
Le technicisme est un messianisme. "Frères humains ! Continuons à saloper le monde réel, bientôt les puces au silicium nous sauveront et sinon, nous aurons toujours le paradis avec angelots potelés et vierges en rut !"
Muraille de Chine : travail de Titan mené par des fourmis pour se précautionner des monstres.
En automne, la vigne vierge rougit face aux arbres qui se dénudent.
Dans la Beauce, moissonneuses-bateuses garées en épi.
Au Music-hall de la Nature, on donne chaque année le strip-tease de l'automne avant que ne tombe le rideau de l'hiver.
La vie des kangourous est riche en rebondissements.
Pan ! La même syllabe pour le dieu de la Nature et le coup de fusil qui le blesse.
La nuit est le pompier des incendies du ciel.
Dans les palais, on doit murmurer : "Quand cela capte, cela les calme." Connectez les populations, elles ne se rebiffent pas. À l'inverse, coupez le ouaib et voyez ce qui se passe. Les hommes ouvriront à nouveau Ravachol ou Bernanos, Homère ou Rimbaud et là… gare aux pouvoirs publics. Le ouaib est la nouvelle morphine : appelons cela la wifine.
L'écume, pulpe des houles.
Je pousse la porte de la cabane. En Russie, le formica triomphe. 70 ans de matérialisme historique ont anéanti tout sens esthétique chez le russe. D'où vient le mauvais goût ? Pourquoi y a-t-il du lino plutôt que rien ?
Baie de Bakou : paire de jambes ouverte à tout ce qui vient du large.
Ah ! Le génie chinois ! Avoir inventé le principe du non-agir pour justifier de rester toute la journée à se dorer au soleil du Yunnan sur le seuil d'une cabane...
Télévision : on l'ouvre, le monde se ferme.
Traînées de neige sur la glace vive d'un lac : le froid a lâché ses cheveux dans le vent.
Mousson : les nuages transpirent, ils sont venus de très loin.
Les Papous de la forêt primaire n'ont pas besoin de résidence secondaire.
Géraniums aux balcons : pour cacher qu'il ne se passe rien à l'intérieur.
Les oiseaux dans les bois en savent long sur les promeneurs.
La tête de pont enjambre un bras.
Sapin de Noël : on aura même réussi à rendre les arbres ridicules.
Au bord du chemin, les ronciers pleins d'araignées sont disposés en haie d'horreur.
Un épouvantail brûlait pour un bonhomme de neige qui se fondait d'amour.
La retraite est révolte. Gagner sa cabane, c'est disparaître des écrans de contrôle.
La solitude est une patrie peuplée du souvenir des autres.
Eclair : l'orage a une idée.
La mouette est un éclat de rire, habillé de blanc, qui se moque de la gravité.
L'huître du soir se referme sur la perle du soleil.
La lune sur la pointe d'une aiguille de granit : bilboquet cosmique.
Corrida : on demande au sable d'éponger bien des forfaits.
Eboulement : écho des applaudisements dans l'amphithéâtre glaciaire.
Et si les psychanalystes étaient les seuls à pouvoir mener la lutte contre le djihadisme ?
Qui n'est pas capable d'applaudir des deux mains à l'effondrement de son bien n'est pas totalement mûr pour le vagabondage.
La carte de visite du voyageur s'appelle un planisphère.
La solitude, compagne qui ne s'enfuira jamais.
La ronce est la vengeance du sentier battu.
Sur l'étal : les poissons sont les tripes de l'océan qu'on vide.
Venise : la vieille dame et la mer.