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Beauce : le paysan est le barbier de la rase campagne.
Sylvain Tesson
Le cerf porte ses bois comme le blason de son domaine.
Calvaires aux carrefours : il est pourtant si gai d'être sur les routes.
Les hirondelles rasent la barbe d'un champ.
Sur les trottoirs de Peshawar, des femmes voilées emportées par un vent contraire.
Pour les vagues, le rivage est une ligne d'arrivée.
Un champ de coton ouzbek habille un versant dénudé.
Se couler dans le lit d'une rivière gironde et suivre ses courbes.
J'aimais flâner avec elle. Sans "L" je fane.
Les oenologues sont des gens que le vin fait parler avant de le boire. Les ivrognes, des gens qui parlent après l'avoir bu.
Lorsqu'on quitte un lieu de bivouac, prendre soin de laisser deux choses. Premièrement : rien. Deuxièmement : ses remerciements.
Comment les lapins disent-ils lorsqu'ils ne viennent pas à un rendez-vous ?
L'edelweiss, fleur solaire couleur de lune.
Il est temps d'abattre à la hache de la poésie la muraille derrière laquelle pleurent les fées de l'enfance européenne, prisonnières de la grotte aux hirondelles qu'avait su retrouver Yourcenar, cette fée immortelle.
Phénomène inédit, l'accélération est un outil de communication. Quand un événement survient, plutôt que de nous retirer dans une grotte pour l'analyser, on expulse un commentaire.
Evaporation : la pluie se relève de sa chute.
Le bon temps, comme l'énergie, ne se stocke pas. Les moments heureux ne sont pas des viatiques pour l'avenir.
J'observais les touristes de Notre-Dame. Tous prenaient des photos, des millions de photos, sans discontinuer. Pas un ne regardait Paris de son oeil. Ils brandissaient un écran entre le monde et eux. Y avait-il encore la place pour l'éclosion d'un souvenir, d'une pensée ?
Je me suis inventé une vie sobre et belle, j'ai vécu une existence resserrée autour de gestes simples. J'ai connu l'hiver et le printemps, le bonheur, le désespoir et, finalement, la paix.
Geyser d'Islande : les dieux chtoniens débouchent le champagne.
L'amour, c'est lorsqu'on convie l'autre à la table de sa solitude.
Il voulait hiberner, elle sautait comme une puce. Elle avait trouvé son ours, elle ne le parasitait pas. Le temps ? Elle s'en foutait, elle l'avait semé.
J'avais appris que la patience était une vertu suprême, la plus élégante et la plus oubliée. Elle aidait à aimer le monde avant de prétendre le transformer.
Le liquide de la naissance mélangé à la poussière de la mort donne la boue de la vie.
Le petit cul d'un champignon tout blanc prosterné au pied d'un arbre.
Ronciers : la barbe pousse aux vieux chemins.
La société de consommation est une expression légèrement infâme, née du fantasme de grands enfants déçus d'avoir été trop gâtés. Ils n'ont pas la force de se réformer et rêveraient qu'on les contraigne à la sobriété.
L'indifférence aveugle de l'oeil du cyclone.
Litchi : petite boule de saindoux bien sucrée.
La foi est la vanité de se croire créé à l'image de Dieu.
Marcher, c'est faire un bout de chemin avec le temps.
La Géologie est le chevalet du paysage.
Le soleil se lève chaque jour comme un disque rayé.
La fumée du cigare : écran où projeter ses pensées.
Le tapis des toundras séchait sur le fil de l'horizon.
Au bivouac, on regarde un feu de bois comme s'il allait nous dire quelque chose.
Ce libre-penseur qui mettait des pensées en pot.
Cet aristocrate qui ne supportait que les forêts de vieille souche.
Ouvrir les yeux est un antidote au désespoir.
La cabane est une cellule de grisement.
Le coup de fusil part. L'oiseau tombe, moins bas que le chasseur.
Un arbre seul : compas dans l'oeil d'un champ.
Un soir dans la steppe : le couperet de la nuit tranche l'hésitation du crépuscule.
La mer est la descente de lit des fleuves.
Les mauvaises herbes : écume des terrains vagues.
Le voyage est une fuite contre la routine, la monotonie, la familiarité, la soumission à la régulation du gouvernement collectif.
La malédiction de l'homme consiste à ne jamais se contenter de ce qu'il est.
Le malheur détache les amarres. Le bonheur est une entrave à la sérénité. Heureux, j'avais peur de ne plus l'être.
La nostalgie, c'est la douceur, c'est un état de compassion envers tout ce qui subit l'affront du temps.
La Toponymie est la poésie des géographes.