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Rivières : la bave des montagnes ruisselle au bassinet des mers.
Sylvain Tesson
L'alpiniste drogué de poudre blanche est sur la mauvaise pente.
La pluie souffre-t-elle en tombant ?
Fumier : le monument aux morts du potager.
L'herbe morte : seul cadavre qui sent bon.
Le nénuphar : radeau de la grenouille.
Les pâquerettes : taches de douceur sur la joue du gazon.
Un livre peut changer une vie. Et dire qu'il n'y a aucune mise en garde d'inscrite sur la couverture !
En ville, on gare les voitures dans les parkings souterrains comme on met la poussière sous les tapis.
Plages de Méditerranée : champs de bataille couverts de corps morts de chaud.
S.O.S. chemins battus.
La nuit étoilée n'est peut-être que le plafond mité d'une toile de tente.
Le pépiement des passereaux intime au jour l'ordre de se lever.
Ces alpinistes russes qui prennent les sommets pour des hampes à drapeaux.
Rhabillez-vous ! ordonne le printemps aux arbres.
La rose imagine peut-être que son parfum l'absout de ses épines.
De tous mes voyages, sous les latitudes du monde, je rapporte la certitude que le climat le plus difficile à supporter est le climat d'adoration qui nimbe le mâle.
Réussir à marcher souplement sur la corde raide de l'existence.
Le contrôle des ressources, l'accès aux énergies, la puissance abstraite de la finance, les mouvements démographiques, la propagation des religions révélées, ne sont-ils pas les nouveaux mauvais dieux d'un Olympe éternel où l'homme est destiné à se maintenir en guerre pour la gloire des chiennes sanglantes
La foi, c'est la vanité de croire qu'on est la créature d'un dieu.
La musique est la science du temps maitrisé ; le nomadisme, la science de l'espace vaincu.
Les carottes prouvent qu'il ne suffit pas de faire l'autruche pour échapper à l'appétit de l'homme.
C'est en prenant son courage à deux mains en même temps que ses jambes à son cou qu'on risque de se casser la gueule.
La houle mord la terre : elle ne lui pardonne pas de briser sa course.
Un matin sur l'Egée : le couteau de l'aube fait des accrocs dans le manteau de la nuit.
Les galets des rivières sont trop glissants pour que les ruisseaux s'y retiennent.
Cascade : débit de boisson qui ne sert que de l'eau.
La Terre pressée de se jeter à l'eau trébucha et ce fut la falaise.
Quelle que soit la direction prise, marcher conduit à l'essentiel.
Dresser un cheval veut dire lui apprendre à se plier.
Sans l'humus, on entendrait les feuilles tomber.
La Russie dispose de douze fuseaux pour tisser la tapisserie de son immensité.
La maîtrise de soi, c'est vider le verre d'eau dans lequel on s'est noyé.
Deviens ce que tu es : la chenille est nietzschéenne.
Le vaisseau fantôme de la lune s'avance dans un ciel en haillons. La pâleur des morts accoudés au bastingage du vaisseau donne au satellite sa clarté huileuse.
Un soldat meurt en criant "maman" : il s'acquitte par son dernier mot de sa première vision.
Un vieil arbre appuyé à la canne de son tronc.
Eau de jouvence ? A la surface des lacs, les rides finissent toujours par s'effacer.
J'écris pour lutter contre le temps et l'oubli, pour m'assurer un petit supplément de vie.
A la mort du vent, qui recueille son dernier soupir ?
Le brouillard : haleine de l'aube après une mauvaise nuit.
La cabane fume dans son bosquet de cèdres. La neige a meringué le toit, les poutres ont une couleur de pain d'épice. J'ai faim.
Enfermer un nomade entre quatre murs c'est mettre le vent en boîte.
Les bouquets de roseaux sont les paillassons des lacs.
L'élégance est de se comporter dans la solitude comme en société.
Le Sahara était une mer. L'océan est toujours un désert.
Mousson indienne : le ciel fait une descente.
Lueur d'espoir : une petite mousse dans la fissure d'un mur.
L'orage, pétard mouillé.
Penser qu'il faudrait le prendre en photo est le meilleur moyen de tuer l'intensité d'un moment.