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Chasse à la tourterelle : le ciel donne ses perles aux cochons.
Sylvain Tesson
L'homme est l'esclave du café noir : chaque matin, coup de fouet.
J'ai connu une route coquette qui ne se parfumait qu'au crottin.
Pris de froid, le temps se couvrît d'une écharpe de brume.
Les Bleus se sont très mal comportés pendant la Coupe de monde de football, c'est entendu. Mais, franchement, qu'attendre de gens qui marchent sur les pelouses avec des crampons ?
Soixante ans après, on attend - avec raison - des voyageurs qu'ils disent la vérité et décrivent leurs périples avec la précision du greffier.
Je suis nostalgique du temps où l'on n'avait pas besoin de se poser la question de la nostalgie.
Vénérer ce qui se tient devant nous. Ne rien attendre. Se souvenir beaucoup. Se garder des espérances, fumées au-dessus des ruines. Jouir de ce qui s'offre. Chercher les symboles et croire la poésie plus solide que la foi. Se contenter du monde. Lutter pour qu'il demeure.
Il est plus facile à un fleuve qu'à un homme de réussir en naissant dans le ruisseau.
La Terre est peut-être bleue, mais comme une orange pourrie.
Je rêvais d'une presse quotidienne dévolue aux bêtes. Au lieu de : "Attaque meurtrière pendant le carnaval", on lirait dans les journaux : "Des chèvres bleues gagnent les Kunlun". On y perdrait en angoisse, on y gagnerait en poésie.
Nous distillons le temps pour nous affranchir de l'espace.
Le cheval : un débardeur qui se prend pour une duchesse.
L'homme est un animal qui ne se résigne pas à le rester.
Il y a une morsure douloureuse : le chagrin de ne pas partager avec un être aimé la beauté des moments vécus.
Comme les bougies, les amoureux brûlent avant de fondre (en larmes).
Autrefois les remparts empêchaient les villes de déborder dans la campagne.
Qui a mis un jour les arbres au garde-à-vous ?
Depuis qu'il a connu l'amour, le lierre ne peut s'empêcher de grimper aux balcons.
Les hommes passent des heures devant des écrans. Pour les gouvernements, quelle aubaine ! Si j'étais président, je m'emploierais à ce qu'il y ait la 5G partout. Car l'oeil rivé sur l'écran, on ne descend pas dans la rue pour la jacquerie.
L'épouvantail : homme de paille du paysan.
Quand le corps se meut, l'esprit vagabonde, la pensée explore des recoins intouchés.
On s'apercevra vite que la nuit à la belle étoile est néfaste. La voûte céleste rend insomniaque : trop de beauté, trop de grandeur pour songer à dormir.
Une araignée peut se regarder elle-même entre quatre yeux.
La patrie de la bonté, c'est le silence de nos coeurs et le secret de nos actes.
Les sociétés n'aiment pas les ermites. Elles ne leur pardonnent pas de fuir.
Quand un oiseau s'envole, je ne peux m'empêcher de penser qu'un rat quitte le navire.
Qu'est-ce qui fait rugir les quarantièmes ?
Loin des routes, il existait une France ombreuse protégée du vacarme, épargnée par l'aménagement qui est la pollution du mystère. Une campagne du silence, du sorbier et de la chouette effraie.
Si Dieu n'existait pas, le dos du cheval n'épouserait pas si bien la forme de la selle.
L'écume est la sueur de l'eau qui s'agite.
Le sentier fait une épingle à cheveux. A-t-il eu peur de quelque chose ?
Les oiseaux des lagunes ressemblent aux écrivains fascistes : ils trempent leurs belles plumes dans une encre sale.
Une uître avec une coquille.
Parfois le Devoir de mémoire fonctionne comme un anesthésiant : il endort la (bonne) conscience, canalise l'indignation vers le passé. Tout occupé à scruter les défuntes années, on s'abstient d'agir ici et maintenant.
Insectes morts au pied du lampadaire : l'extinction des espèces par l'éclairage des espaces.
Le grain de sable n'enraye pas l'engrenage de la houle.
Une plage, allongée sur le flanc, prenait le soleil sur le bord de la mer.
Lorsqu'elle s'enfuit, la route est la seule amante qui vaille la peine d'être suivie.
Devenir un manque à gagner devrait constituer l'objectif des révolutionnaires. Un repas de poisson grillé et de myrtilles cueillies dans la forêt est plus anti-étatique qu'une manifestation hérissée de drapeaux noirs.
"A bas la calotte !" crient les forces du réchauffement.
Chaque soir, la lumière de Hollande rase le paysage. Chaque matin, il repousse.
Il y a beaucoup de réponses qui sont hors de question.
Les plissements sont les souvenirs des profonds tourments que connut la Terre jadis.
Ecriture : les mots sont les wagons, les phrases les trains et les pages les steppes traversées de convois.
Je ne crois qu'à la fidélité de mon ombre.
La nature féconde le regard, le regard nourrit l'inspiration, l'inspiration engendre l'oeuvre.
Appelons sens du beau la conviction jouissive de se sentir en vie.
Le marais est un quartier chic où vivent les vanneaux huppés.
Rivières : hémorragie des montagnes.