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Dans sa boulimie de production, la modernité crée des produits sans avenir. Le capitalisme c'est la réduction de l'intervalle entre le moment où l'on achète un objet et où on le remplace.
Sylvain Tesson
Le vent caresse toujours l'herbe dans le sens du poil.
Le dernier des esclaves aura toujours son ombre pour s'aplatir devant lui.
Malchance : impôt sur la fortune.
Dans la guerre, les voyous suivent la troupe comme les mouettes les chalutiers. Ils attendent les lendemains des batailles pour détrousser les morts. Ils ont la patience des vautours.
La Terre avait été un musée sublime. Par malheur, l'homme n'était pas conservateur.
C'est la bassesse qui donne des haut-le-coeur.
Sous-bois d'automne : symphonie pour bois et cuivre.
La fleur se fane plus vite que la femme mais reste fanée moins longtemps.
Dans le pâté en croûte, le dindon de la farce, c'est le cochon.
Comment peut-on préférer mettre les oiseaux dans la mire d'un fusil plutôt que dans le verre d'une jumelle ?
L'amour est une peine à laquelle on n'est jamais condamné à perpétuité.
Le rond du café dans la tasse : point d'orgue du repas.
Il y a des artistes qui font un tabac avec un écran de fumée.
Rien ne vaut de passer un bon moment avec soi même, à parcourir les rayonnages de sa bibliothèque intérieure.
Les fleurs des alpages sont les confettis que lance le printemps sur les prés pour célébrer l'été.
En Ecosse, l'écho que renvoient les murs s'appelle l'humidité.
Un paysan ignorant dans un champ cultivé.
Les Finlandais : un peuple plus blond que ses blés.
Il y a des influences intellectuelles semblables aux méduses : corps mou mais longs tentacules.
Une forêt au fond d'un vallon comme le buisson d'un sexe.
Grilles d'égouts : caries de la voirie.
Un voyageur digne de ce nom ne peut s'intéresser à lui-même et cherche hors de soi matière à l'émerveillement. Pourquoi partir si c'est pour faire le tour de soi ?
Une impasse mène au moins à faire demi-tour.
Devant les parterres de mousse, regret d'être si grand.
La Terre accomplit chaque année sa révolution avec beaucoup de discipline.
Un faucon peut-il fondre d'amour ?
La Sibérie jette un froid sur nos rêves de Russie.
Oiseau en cage : aurait-on idée d'appeler hommes de compagnie, les détenus d'un pénitencier ?
S'installer dans le réduit d'une hutte sibérienne, c'est gagner la bataille contre l'ensevelissement des objets.
Drapeaux aux fenêtres : linge sale des Etats.
Dieu s'est servi de la panthère comme buvard pour essuyer l'encre de sa plume.
A quoi rêve l'eau dormante ?
La mer, par évaporation, est l'abreuvoir du ciel.
Surplombant la plaine, la montagne contemple ce qu'elle va devenir.
Mourir, c'est partir beaucoup.
Un aphorisme est réussi lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter à quelque chose dont il y avait beaucoup à dire.
Club d'amateurs de cigares : société de consumation.
Le secret est de s'extraire de la glu de la durée. Pour éprouver toute l'intensité du moment, il ne faut plus le rapporter à l'expérience du passé ou à l'espoir de l'avenir.
Vin : le fruit est dans le verre.
Pendaison : le fil à plomb du suicidé.
Qui ramassera à la petite cuillère le brouillard coupé au couteau ?
L'homme lutte, se démène, navigue au rebours des éléments, se bat mais ne pratique pas cette activité si cartésienne, si moderne, si française : récriminer contre son sort, chercher des coupables à sa propre faillite, se défausser de ses responsabilités et barbouiller finalement un mur avec son petit pinceau pour expliquer au monde qu"il est interdit d'interdire
La feuille de vigne cache la nudité du grain.
Planter une croix en haut d'une montagne, c'est croire que la montagne ne suffit pas.
L'affût était une prière. En regardant l'animal, on faisait comme les mystiques : on saluait le souvenir primal. L'art aussi servait à cela : recoller les débris de l'absolu.
Se sentant observée, une étoile fila.
Si ça se trouve, les coqs savent lire l'heure sur le clocher des églises.
Le peigne de la fourche dans le chignon de la meule.
Les abeilles font l'amour aux fleurs.