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Les animaux ont peur du tonnerre comme les enfants d'une mère qui les gronde.
Sylvain Tesson
Soyons honnête : qui n'est pas nostalgique, à part les gens qui ne se regardent pas dans leur miroir et ne s'aperçoivent pas que le temps les ravage ? Je suis nostalgique du temps où l'on n'avait pas besoin de se poser la question de la nostalgie.
Je suis très peu favorable à la crispation commémorative, aux célébrations en tous genres.
Le soir, l'âme s'élève, l'ombre s'allonge, le monde s'agrandit.
Un milieu n'est jamais juste.
Deux phares trop proches risquent d'emmêler leurs pinceaux.
Un panneau indique CHUTE DE PIERRES. Que croit-on ? Que la montagne va obéir ?
La Ciotat : un tableau de Raoul Dufy dans lequel Fernand Léger aurait peint des grues.
Graffitis : les murs n'ont pas d'oreilles, mais une mémoire.
L'arbre reste bien droit quand on l'abat.
Une mouette rieuse peut-elle consoler un saule pleureur ?
Le masochisme des alpinistes est-il de souffrir pour atteindre les sommets ou de redescendre dans le monde des hommes, une fois là-haut ?
Aimer c'est reconnaître la valeur de ce qu'on ne pourra jamais connaître. Et non pas célébrer son propre reflet dans le visage d'un semblable.
J'ai connu l'enfer dans les Monts célestes.
J'aime tellement les insectes que les cafards me donnent de l'espoir.
Vivre, c'est faire de son rêve un souvenir.
Est moderne ce qui n'est pas encore dépassé mais ne perd rien pour attendre. Souvenez-vous du robot Moulinex. Il libérait la femme. Il produisait une purée nouvelle. Il était moderne ! Les outils numériques, vieilleries récentes, sont les Moulinex de l'esprit. Les déchets électroniques s'accumulent. Une décharge est le meilleur temple qu'on puisse élever à la modernité considérée comme idole.
La coccinelle : un petit panzer habillé en clown.
Les taupes attendent peut-être que les hommes s'en aillent.
Chaque soir, l'araignée redessine la carte des Routes de la soie.
Pour bien vagabonder, il faut peu de choses : un terrain propice et un état d'esprit juste, mélange d'humeur joyeuse et de détestation envers l'ordre établi.
Carabes : gros fantasins qui sortent de leurs tranchées, au soir venu.
Pour une bûche au feu, craquer c'est crier.
Il y a quelque chose de philosophique et littéraire dans l'ascension : c'est un condensé de vie incroyable.
L'excitation du marinier lorsqu'il engage la proue sous les jambes d'un pont.
Faut-il avoir le coeur sec et l'âme fatiguée pour espérer des paradis hypothétiques, alors que le champ d'émerveillement se déploie là, somptueusement vivant, devant nous.
L'homme croit vivre ses aventures. En vérité, ce sont les femmes qui le manipulent. Les premières seraient bien mal inspirées de vouloir être les égales des mâles alors qu'elles leur sont supérieures.
L'équateur est la ceinture d'un ventre qui ne grossit jamais.
Un filet de fumée fuit l'enfer domestique par le toit.
La fourmilière : un temple dont les fourmis dessinent les colonnes.
L'alpinisme est une manière de régler le problème de l'absurdité de la vie en lui opposant un comportement d'une absurdité supérieure.
Yourte : aucun angle pointu auquel le cavalier risquerait de se cogner.
Dans les parcs d'Ile-de-France, les larmes des saules pleureurs remplissent les étangs.
Idiot du bocage : sot de haies.
La paix paraît un trésor étrange. Celui que nous négligeons quand nous en disposons et que nous regrettons, une fois perdu.
Il y a dans la capacité d'émerveillement l'un des secrets de l'énergie vitale.
Une ancolie chiffonnée qu'un myosotis l'ait oubliée.
En montagne, les efforts du ciel ne sont pas de trop, au petit matin, pour cacher sous une couche de neige la trace des orgies de la nuit.
Le soir les ombres s'allongent, cherchant à fuir la nuit.
Je suis sourd aux pays où la lumière aveugle.
Coquelicots : l'acné des champs.
Une mauvaise chute vaut mieux qu'une fin insignifiante.
L'enseigne du bar : phare de l'ivrogne dans la nuit de la ville.
Le poisson rêve d'un ver à soi.
La nostalgie, c'est être indigné que le temps ose passer sans nous.
Nulle étoile ne brille dans les yeux d'une grande ourse.
Le chasseur fait payer à l'oiseau de voir plus loin que lui.
Le courage n'existe pas : même le soleil se couche.
Mettez une fleur en pot, elle s'évade par le haut.
Le solitaire des forêts a deux amours, le temps et l'espace. Le premier il l'emplit à sa guise, le deuxième, il le connait comme personne.