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J'ai respiré un grand coup et j'ai écouté mon vieux cœur fanfaron. Je vis, je vis, je vis.
Sylvia Plath
L'homme est une flèche vers le futur et la femme est l'endroit d'où part cette flèche.
Cela paraît un incroyable soulagement de savoir qu'il existe quelqu'un en dehors de sa propre personne qui n'est pas heureux à longueur de temps. Il faut aller très mal pour se retrouver ainsi plongé dans les ténèbres : au point de croire que les autres, pour la simple raison qu'ils sont "autres", sont invulnérables. C'est un fichu mensonge.
Le problème était que cela faisait longtemps que je ne servais à rien, et le pire, que ce n'était que maintenant que je m'en rendais compte.
Je dois me souvenir, c'est de cette matière qu'est faite la littérature, de cette matière de vie remémorée.
Désormais, je parlerai toutes les nuits. A moi-même. A la lune. Je marcherai, comme je l'ai fait ce soir, jalouse de ma solitude, dans le bleu argenté de la lune glaciale, qui miroite sur les congères de neige fraîche en renvoyant des milliers d'étincelles.
Le silence me déprimait. Ce n'était pas le silence du silence. C'était mon propre silence.
Je voulais faire les choses une fois pour toutes et en finir avec elles pour de bon.
Je voyais les jours de l'année s'étaler devant moi, comme une succession de boîtes blanches, brillantes et pour séparer chaque boîte de la suivante, il y avait comme une ombre noire, le sommeil... Malheureusement pour moi, la longue zone d'ombre qui séparait les boîtes les unes des autres avait disparu et je voyais chaque jour briller devant moi une sorte de large route blanche, désertique.
Si vouloir au même moment deux choses qui s'excluent mutuellement, c'est être névrosé, alors je suis névrosée jusqu'à l'os. Je naviguerai entre deux choses qui s'excluent mutuellement jusqu'à la fin de mes jours.
Il n'y a rien de tel que de dégueuler ensemble pour faire de vieilles amies.
J'ai entrepris d'aller à la pêche dans l'océan immobile, stagnant et putride mais potentiellement riche de mon subconscient.
Ce que je redoute le plus, je crois, c'est la mort de l'imagination. Quand le ciel, dehors, se contente d'être rose, et les toits des maisons noirs : cet esprit photographique qui, paradoxalement, dit la vérité, mais la vérité vaine, sur le monde.
Je ne pouvais m'empêcher de me demander quel effet cela fait de brûler vivant tout le long de ses nerfs.
Le seul amour parfait que je ressente est pour mon frère. Parce que je ne peux l'aimer physiquement, je l'aimerai toujours.
Je dois cultiver cette bizarrerie et cette intériorité simplement en demeurant en moi-même, et en étant fidèle à mes farfadets et démons personnels.
L'ennui, c'est que l'église, même l'église catholique, ne vous absorbe pas entièrement. On peut s'agenouiller et prier pendant des heures, mais il faut quand même manger trois fois par jour, avoir un boulot et vivre dans le monde.
Je me sentais très calme, très vide, comme doit se sentir l'oeil d'une tornade qui se déplace tristement au milieu du chaos généralisé.
Je serai toujours prisonnière de cette même cloche de verre, je mijoterais toujours dans le même air vicié.
Pour celui qui se trouve sous la cloche de verre, vide et figé comme un bébé mort, le monde lui-même n'était qu'un mauvais rêve.
Ce qu'un homme cherche, c'est une épouse, ce que cherche la femme c'est la sécurité illimitée
Dimanche : le paradis pour les médecins ! Au golf, au bord de la mer, avec leur maîtresse ou leur épouse, à l'église ou sur un yacht... Des médecins, partout, résolument plus dans le rôle de médecin.
En ce monde, le seul péché, c'est d'exploiter, de leurrer ou de berner les autres et soi-même. Cela peut prendre toute une vie de se forger une existence digne de ce nom.
Les gens ne sont faits avec rien de plus que de la poussière, je ne voyais pas du tout pourquoi soigner ces tas de poussière vaudrait mieux qu'écrire des poèmes dont les gens se souviendraient, qu'ils se réciteraient quand ils seraient tristes, malades ou insomniaques...
Je me parle à moi-même en contemplant les arbres sombres, d'une bienheureuse neutralité. C'est tellement plus facile que d'affronter les gens, que de devoir paraître heureuse, invulnérable, intelligente. Tous masques ôtés, je me promène en parlant à la lune, à cette force neutre et impersonnelle qui n'entend pas, mais se contente tout bonnement d'accepter mon existence.
L'ennui quand on saute, c'est que si on se trompe dans le nombre d'étages, on peut se retrouver encore vivant sur la chaussée. L'ennui quand on saute, c'est que si on se trompe dans le nombre d'étages, on peut se retrouver encore vivant sur la chaussée.
Voir chaque scène dans toute sa profondeur, la traiter amoureusement comme un joyau aux multiples facettes. Trouver la lumière, l'ombre et la couleur vive. Déterminer la scène la veille au soir. Puis dormir dessus et l'écrire le matin.