Images
"Toujours présente, jamais pesante", telle devrait être la devise de toute amitié.
Tahar Ben Jelloun
Le mariage est un contrat social souvent incompatible avec le grand amour.
Le couple, c'était une fusion où un plus un égale un.
Le timbre de la voix nourrit l'imagination. La voix, c'est le début de l'intimité, on habille mieux l'image qu'on s'est fabriquée.
Le mot et le verbe sont ce par quoi je réalise la non-ressemblance et l'identité.
Il n'y a pas mieux que le regard et le toucher pour savoir où on en est.
On dit "une belle mort", comme si la mort pouvait avoir droit à l'esthétique, au raffinement et à la souplesse.
Le destin est plein de trous, et la mort doit se trouver dans l'un de ces trous.
Ceux qui ont peur de la maladie des autres devraient la braver et se familiariser avec ce qui nous attend.
Un livre c'est la naissance d'un voyage, le tracé d'un itinéraire.
Si un jour on me disait : Tu es obligé de choisir entre rêver et voir, je choisirais sans doute rêver. Je pense qu'avec l'imagination et le rêve on supporte mieux la cécité.
La raison n'est pas toujours bonne. Faut pas croire, mais trop de raison dans les sentiments, ça les abîme souvent. Quelqu'un a dit, je crois que c'est un mexicain, que la raison qui ne dort jamais produit des monstres.
On est tous à la recherche d'une frontière, une ligne claire entre le rêve et le réalité.
L'absence est une ride du souvenir. C'est la douceur d'une caresse, un petit poème oublié sur la table.
Mettre la vie pleinement dans la vie plutôt que dans des mots ou d'autres substituts, n'est-ce pas le rêve de beaucoup d'entre-nous ?
Il se peut qu'il (le libraire) n'aime pas un livre en particulier mais, de par sa vocation, il aime le livre en général. Si cette amitié n'est pas personnelle, elle est liée à une intimité originelle : celle de la solitude de l'écriture.
L'humanité est formidable, elle est capable du pire mais aussi du meilleur.
Le temps est le meilleur bâtisseur de l'amitié. Il est aussi son témoin et sa conscience. Les chemins se séparent, puis se croisent.
La défaite commence à partir du moment où l'adversité parvient à vous faire douter de vous même jusqu'à ce vous vous sentiez coupable et soyez prêt à agir selon sa volonté, à vous pliez à ses exigences.
La dépression frappe au hasard : c'est une maladie, pas un état d'âme.
Il faut dire et redire la laideur qui mène le monde.
Le sentiment de liberté se manifeste avec plus de force dans une prison.
Un artiste ne peut avoir de certitudes. Tout son être, tout son travail sont habités par le doute.
Le regard de l'ami devrait nous livrer notre propre image avec exigence. L'amitié se tiendrait alors dans une réciprocité sans faille, guidée par le même principe d'amour : le respect qu'on se doit à soi-même pour que les autres nous le rendent, naturellement.
L'amitié qui se lit sur les visages et dans les gestes devient comme une prairie dessinée par un rêve dans une longue nuit de solitude.
Un écrivain n'avance jamais nu, ne se livre jamais complètement aux autres.
L'amitié ne rend pas le malheur plus léger, mais en se faisant présence et dévouement, elle permet d'en partager le poids, et ouvre les portes de l'apaisement.
La mort n'est rien. Elle délivre le papillon d'une mauvaise toile d'araignée. Ce qui n'est pas tolérable, c'est le tissage qui traverse la peau et le coeur.
Au Maroc, le sens de la famille prime sur l'amitié. On défend d'abord sa tribu avant ses compagnons de route.
(Jean Genet) m'a donné un seul conseil : en écrivant pense au lecteur ; soit simple. Il m'a appris que la simplicité était le signe de la maturité.
Il me disait, ce n'est pas l'amour fou, c'est l'amour lent, lent mais sûr.
Chaque personne est une armoire pleine d'histoires, il suffit d'ouvrir les tiroirs, c'est comme un chapelet qu'on égrène.
Dans une société où l'individu n'est pas reconnu, ce qui compte avant toute chose, c'est la tribu et le clan.
Il fallait être indifférent tout en réagissant quand c'était nécessaire. L'indifférence n'était pas l'absence mais la répudiation de tout sentiment.
Je suis tombée comme une mauvaise pluie, celle que l'on n'attend pas, celle qu'on craint parce qu'elle pourrit les semences.
C'est dans l'irrégularité, la clandestinité, le cambriolage que le plaisir est intense ; pas dans la préméditation.
Il n'y a pas de choc des civilisations, il n'y a que le choc des ignorances.
La beauté de cette femme était sa grâce et son malheur, sa difficulté d'être, car elle était d'une telle exigence qu'aucun homme ne pouvait ni lui résister ni l'accueillir avec sérénité.
La pudeur, c'est cela ! Ne pas regarder l'homme en face ; ne pas soutenir son regard par soumission, par devoir, rarement pas respect ou à cause de l'émotion.
Le mariage n'est rien d'autre qu'une déclaration de guerre célébrée en musique, avec de la nourriture, des parfums, des encens, des beaux habits, des promesses, des chants, etc.
Souvent, les mots prennent le pas sur les actes et même les supplantent comme s'il suffisait d'écrire pour changer la vie.
Avec les objets ... il suffit de savoir s'y prendre ; ne pas les brutaliser. Moi aussi, il ne faut pas me brutaliser.
L'amour est la plus vieille demeure du monde, qu'il faut sans cesse reconstruire, pierre par pierre sans jamais se reposer et croire que les sentiments sont acquis pour toujours.
Quand il y a des certitudes, il n'y a plus d'amour.
L'homme qui du désert connaît le secret ne peut vieillir. La mort viendra, tournera autour de la dune puis repartira. Le jour sera sévère, mais la nuit ne troublera point le regard profond de ce visage qui bâtit des demeures dans la patience.
Le silence de l'Aimée est un meurtre tranquille
Les regrets et la nostalgie sont les oripeaux de notre faiblesse, notre impuissance. Ce sont des mensonges que nous habillons avec des mots qui nous apaisent et facilitent notre sommeil. Cela rend moins cruelle notre défaite.
Hélas, je n'ai jamais eu les yeux aussi ouverts. Je suis atteinte de lucidité comme d'une sale maladie qui ne veut pas guérir. C'est douloureux, la lucidité. On voit les choses exactement comme elles sont, non comme elles devraient être.
On parle d'amour quand on souffre ; le manque, l'absence, l'attente attisent la souffrance et on appelle ça de l'amour.
Les deux hommes solides qui l'avaient porté puis disposé dans un fauteuil face à la mer étaient essouflés. Le malade éprouvait lui aussi de la peine à respirer et son regard était plein d'amertume.