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La tristesse se digère moins bien que les coquillettes.
Tania de Montaigne
Ce que je sais : la tristesse se digère moins bien que les coquillettes. Je mange des coquillettes sauce cafard.
Je suis française depuis cinq siècles, mais comme je suis noire, je serais forcément d'ailleurs.
J'écris la vie des autres en attendant de vivre la mienne.
Tokyo est évidemment le lieu parfait. Tokyo c'est loin, les gens y vivent vieux, mangent du riz et sont rarement diabétiques. Compte tenu de ce qui m'arrive, savoir que je ne finirai pas aveugle et amputée des deux jambes est une joie
Etre étranger, c'est constater que l'Autre est une aventure, que tout cri n'est pas hostile.
J'ai trente-trois ans, tout l'avenir devant moi, je travaille pour le dictionnaire, j'écris des dates de vie et de mort, des noms propres et des noms communs, j'écris la vie des autres en attendant de vivre la mienne.
A deux, on grossit, à un, on s'affine, on s'étire comme une sculpture de Giacometti, tendue à l'extrême, un jeu de matière, une tête et des pieds, la terre et le ciel, au milieu rien.
Etre étranger, c'est sourire et opiner du chef, c'est lire sur les lèvres, juste pour le plaisir de s'assurer que ça ne change strictement rien. Etre étranger, c'est être sous l'eau quand d'autres vous parlent à la surface, les sons pénètrent, mais pas le
Avec du silence l'autre projette, le mutisme oblige celui d'en face à tendre l'oreille à son propre discours, il s'écoute et croit que c'est vous qui parlez, il vous trouve intelligent et drôle, il vous aime. Ou alors, il vous hait de lui donner à entendre son vide.
C'est du vide, c'est l'immuable, c'est l'immobile. Parfois, les gens regardent leurs parents et se disent : "Cet homme, cette femme, c'est moi en vieux, voilà comment je serai plus tard." Mon père, c'est moi en mort.
Entre Michelle Obama et une migrante érythréenne, je ne sais pas ce qu'est une femme noire !
Aucune couleur de peau n'autorise à faire son marché dans l'histoire. Car être français, ce n'est pas une affaire de couleur.
"On" n'est pas indéfini, c'est "je" qui manque de précision.
Alors qu'il ne viendrait à l'esprit de personne de parler de "foot masculin", quand on accole l'adjectif "féminin" tout de suite après football, on induit l'idée que les deux sexes ne jouent pas exactement à la même chose. Ce qui laisse à penser que les Bleues s'adonnent à un sport spécialement conçu pour les femmes, un ersatz de la discipline originale.
Un "Bleu", c'est un homme qui joue au foot, alors qu'une "Bleue", c'est une personne qui joue au football féminin. Il y a le foot d'un côté, le vrai, et puis ce truc de fille de l'autre. On imagine bien des femmes courant en escarpin sur un mini-terrain et donnant des coups de pieds dans des sacs à main jusqu'à finir par en lancer un dans un filet.
La haine, ça ne s'expire pas, ça asphyxie un peu chaque jour.
Alors, quelle est la différence entre un "Bleu" et une "Bleue" ? Peut-être le regard que nous portons sur eux.
Si les femmes quittées croient toujours qu'elles vont tomber de haut, finalement elles ne tombent que de leur hauteur. Ce que je sais : une femme, c'est pas si haut.
Le but, maintenir la suprématie blanche coûte que coûte en érigeant une séparation étanche entre les blancs et les autres
Vous êtes une femme, donc moins qu'un homme, et vous êtes noire, donc moins que rien.
Être étranger, c'est sourire et opiner du chef, c'est lire sur les lèvres, juste pour le plaisir de s'assurer que ça ne change strictement rien.
Etre étranger, c'est être sous l'eau quand d'autres vous parlent à la surface, les sons pénètrent, mais pas le sens.
La vraie magie du cinéma, c'est quand l'art rencontre l'argent mais certaines fois, l'argent ne rencontre que le désir de lui-même. Une mise en abyme.