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Grâce aux probabilités, même un fait hautement improbable conserve une chance de se produire qu'on peut quantifier. Une pluie de grenouilles, tomber amoureux dans la rue, tout devient possible. Cela marchait évidemment aussi pour les cataclysmes
Thomas B. Reverdy
Il y a des gens comme ça, qui sont capables de s'esquinter la santé à faire semblant de travailler, beaucoup plus sûrement que s'ils travaillaient vraiment.
À chaque seconde, autour de nous, des destins se jouent sur des rythmes qui s'ignorent, en aveugle les uns des autres, nous n'en avons même pas conscience
Le système générait son propre espoir comme une machine à fabriquer du paradis à portée de main.
Elle venait d'avoir vingt ans. C'est un âge où la vie ne s'est pas encore réalisée. Où tout n'est encore que promesses – ou menaces.
C'est cela, n'est-ce pas, être chez soi, se dit-il, c'est reconnaître des gens qu'on ne connaît pas vraiment.
Le pouvoir n'est jamais quelque chose qu'on envisage quand on est seule. C'est toujours du pouvoir qu'on a sur quelqu'un
Comment font les gens pour vivre avec la vérité ? Ils pensaient sans doute qu'ils pourraient l'encaisser. Comme si on pouvait, comme si c'était une question d'endurance ou de force. C'est ce qu'ils disaient pourtant : ils voulaient voir la vérité toute nue
Un rêve passe derrière ses paupières, au fond de ses yeux noirs, comme un reflet d'obscurité dans l'eau d'un puits.
La culpabilité – le sentiment de mal faire – est un moteur presque aussi puissant que l'ambition – le sentiment de bien faire. L'Entreprise s'y connaissait en psychologie.
Vous dormez à côté de quelqu'un pendant des années, pourtant vous ne savez toujours pas de quoi il rêve.
Quand on n'a plus grand-chose à se dire on trouve des mots quand même, pour ne parler de rien. Ca ne veut pas dire qu'on ne s'aime pas.
On n'a jamais vu un samouraï écrire une lettre d'adieu à sa femme avant de se suicider
Le déménageur au blouson le fixe toujours et c'est comme s'il lui disait : mon pauvre gars, tu es habitué aux maisons, aux bureaux, au métro et aux parapluies, tu ne sais donc pas que la pluie mouille ceux qui n'ont plus rien ?
Il faut croire que la vie parfois est comme un roman, elle a besoin d'un inconnu pour la raconter.
Ça avance souvent comme ça, une enquête. Tu relies les petits points, tu plies selon les pointillés, ça finit par faire des motifs. Comme dans un roman.
Il savait que parfois, pour survivre, il faut partir. Ce qui veut dire aussi qu'il faut laisser les gens partir. Même ceux qu'on aime.
Il faut trahir nos parents, pour grandir.
C'est fou le nombre de gens qui se présentent en disant ce qu'ils font. Et s'ils n'ont plus de travail, il faut pourtant bien qu'ils soient encore des gens.
La peur. Voilà bien une preuve de la faiblesse de l'Angleterre. Si on a peur de ses propres pauvres, de ses propres enfants, c'est qu'on est très affaibli soi-même, qu'on se sent très vulnérable, pareil à une petite mammy toute frêle, recourbée sur sa canne, sur un bout de trottoir, au moment de la sortie des écoles comme au milieu d'un ouragan.
La société japonaise est comme le pays, on est perché sur un volcan au milieu de l'océan, sur une île parcourue par des milliers de lignes de faille, et ça tremble, et ça craque de partout. Vous voulez connaître le pays, étudiez son sous-sol. Eh bien, c'est pareil pour la société.
La foule, dans les rues, dans le métro, une énorme foule de gens seuls qui envoient des messages au hasard d'un réseau social comme autant de bouteilles à la mer
Des bouquins, à quoi ça peut bien servir, à part à décourager d'un déménagement ?
Courir, on ne sait faire que ça. Quand ça se met à aller mal, on accélère – que faire d'autre ? Au moment de leur chute, toutes les civilisations ressemblent à des canards sans tête.
Les êtres qui vous émeuvent déplacent quelque chose en vous. Ils vous transforment, ils vous rendent meilleur.
Il faudrait chaque jour se regarder, prendre le temps de s'observer nue comme si l'on venait de faire l'amour ou qu'on y était prête
Il s'était habitué plus rapidement qu'il n'aurait cru à une solitude silencieuse, qui n'était pas sans mélancolie mais lui procurait aussi le sentiment de sa sécurité.
L'Angleterre est une petite vieille qui n'a plus la force de rien. L'Angleterre est sur le déclin.
Les grèves sont communicatives. Les grèves poussent les gens dans la rue. Il manquerait plus que les trains s'en mêlent.
Le passé est éternel, c'est le présent qui passe, c'est le présent qui fuit, qui s'efface.
Le travail est un divertissement puissant.
Ces gens, qui se vantent partout d'avoir coupé la tête de leur roi, se font partout passer pour les héritiers directs de la galanterie, de l'élégance et du savoir-vivre de leurs anciens nobles
Peut-être que les morts sont toujours comme des noyés. On croit les ensevelir dans le flot quotidien des joies et des peines ordinaires, des millions d'autres choses à penser ou à faire, et la moindre tempête d'insomnie les ramène au rivage au milieu d'une vague de sueur et d'angoisse.
La crise de la quarantaine peut avoir des tas d'avantages. Les gens se surpassent souvent en temps de crise. Ils se révèlent, en quelque sorte.
La télé la nuit est comme ce coin de la ville, une sorte de ruine hantée dans laquelle errent des fantômes inutiles.
Ca arrive à pleins de gens : ils ne sont pas tristes, mais leur vie n'est pas très gaie. Après tout, c'est une vie.
La crise des subprimes et l'effondrement des banques, la chute qui s'en était suivie de l'industrie financée par le crédit n'avait fait que précipiter les choses, c'est toujours ce que font les crises.
En fait, c'est l'amour et la haine réunis. C'est cela, le pouvoir.
Ce n'est jamais anodin un retour. Le plus simple en matière de voyage, c'est encore de partir
On ne peut pas lutter contre la probabilité qu'un miracle se produise. Deux fois, c'est cela le miracle
Ce n'était pas assez de mourir d'inquiétude, il fallait encore encaisser la honte et les vacheries de la bonne conscience
Même le métro nous amène plus vite au boulot qu'il ne nous ramène à la maison. Il semble que cela soit à mettre au nombre des malédictions urbaines.
C'est difficile de savoir quoi faire de sa tristesse.
On ne sauve pas une ville avec des gens mais avec des investisseurs, des usines et des taxes. Vous savez cela mieux que moi, mieux que personne. C'est le discours que vous servirez demain aux gouvernements, aux banquiers. Et pourtant, on ne peut pas la sauver sans les gens
Quand on pense à l'avenir, on a toujours l'impression que la vie n'est qu'un rêve. L'espoir ou le suicide ne sont que des possibilités.
Les soupçons c'est une chose... Mais les images, la certitude, la vérité. Comment font les gens pour vivre avec la vérité ?
Est-ce que le Paradis c'est toujours ce qu'on a perdu ?
En Angleterre on ne s'embrasse pas, normalement. On se salue en se serrant la main, la première fois qu'on se rencontre, et en suite d'un simple signe de tête. Sauf en famille, alors que se sont les gens qu'on a le moins choisis
C'est un paysage désolé. Une désolation. Evidemment, çà ne veut rien dire. Un paysage ne pense pas, il ne peut pas être désolé.
En amour, il n'y a pas de coïncidence. Ce n'est qu'un mot que ceux qui n'aiment pas, les tristes âmes du quotidien, utilisent pour justifier les effets du destin.