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Parfois la beauté est plus violente que la force.
Tobie Nathan
Je pense toujours que les vraies idées, les innovations qui contribuent à fabriquer le monde, sont inventées par les peuples et non par les personnes... les langues par exemple, ou bien les traditions, les façons d'enterrer les morts ou de prédire l'avenir... ce sont les peuples qui les ont inventées.
La copulation des insectes est l'actualisation de nos fantasmes sexuels.
Savez-vous que le bien qu'on accomplit est un trésor caché pour l'avenir ?
Combien d'enfants ne parviennent pas à se familiariser avec le savoir parce qu'il leur arrive comme venin.
La fleur voit le soleil, puis se fane et meurt. Avant de partir, elle dépose ses graines sur le sol. Nous sommes les graines, ma mère, nous sommes les graines !
Mais l'enfant n'est qu'une manifestation de l'être. L'être était sans doute apparu avant, alors que mes parents ne s'étaient pas encore connus, ou même avant leur naissance, qui sait ?
Tu seras un grand roi si tu t'oublies ; tu seras oublié si tu te crois grand.
Il faut prendre garde aux étrangers ; parmi eux se cachent des êtres d'exception
L'inquiétude que l'on éprouve pour les êtres chers a un côté stupide, non parce qu'elle est infondée (elle ne l'est pas toujours), mais parce qu'elle provoque une même inquiétude en retour
Les migrants, vois-tu, venus d'un monde oublié, fondateur d'un monde à venir, vivent dans le temps du mythe. Le récit de leur vie a la puissance des légendes antiques
Je suis certain aujourd'hui que la radicalité des jeunes gens que j'ai rencontrés résulte de la difficulté grandissante de nos sociétés à intégrer la différence – non pas celle du "semblable" dont on nous rabat les oreilles, mais de l'autre, vraiment autre, radicalement autre. Si nous persistons à partager un monde de "semblables", il faut nous attendre à ces conflits sans fin
La sensation d'identité, je veux dire la sensation (l'illusion ?) qu'on est identique à soi-même, qu'il existe un même soi qui était là hier et qui sera encore là demain, cette sensation se dilue. On peut affirmer que, de ce fait, la migration potentialise l'audace, mais aussi le désespoir.
Aucune tâche n'est plus ardue que celle d'être l'ethnologue de sa propre tribu.
Les hommes remplacent si souvent la tristesse par la fureur...
C'est un récit du début des temps, un temps avant le temps, avant le temps où on a commencé à compter le temps.
La solitude d'un enfant – la vraie ! – lorsqu'il ne crie ni n'écoute, oui, c'est un appel de Dieu
Pour prier, chaque peuple est différent, mais pour se protéger de la mort, nous sommes tous semblables !
Les psys disent toujours le contraire de ce que vous pensez, histoire de justifier leur salaire.
Tout petits, les enfants crient. Leurs voix n'est pas celle d'un humain. Elle est puissante, eux si menus, comme la corne de brume d'un paquebot. Ils appellent, on le sait ! Pas leur mère, elle est tout près, pourquoi crieraient-ils si fort ? Non, ils appellent au loin, ceux qu'ils ont aperçus dans l'entre-monde. Ils pleurent d'en être séparés.
Notre amour de la mort, c'est la présence de Dieu. Tel est l'enseignement du Prophète. Et il répéta : – Tu dois aimer la mort ! Nino restait perplexe. La mort est une éventualité pour n'importe quel combattant. On tâche de l'éviter, on s'en protège. On peut certes désirer la mort de son ennemi ; on peut même tout mettre en œuvre pour le tuer… Mais que signifie aimer la mort.
Il y a bien des prisons, mon fils... Celles entourées de murs ou l'on sait ce qui nous sépare du monde et celles si étendues qu'on n'en perçoit pas les limites. Le désert est aussi une prison - saurais-tu en trouver l'issue ? L'errance de celui qui ne sait plus poser les questions est pire que le désert.
Lorsqu'un visiteur fait irruption dans notre monde, la lumière change de couleur, on ne sait plus d'où souffle le vent, les arbres – surtout les arbres, changent d'inclinaison et un son, presque imperceptible, une sorte de tintement, accompagne le pas des promeneurs
Un rêve se comprend avec l'âme limpide comme l'eau de la source, ni avec la peur ni avec la violence. La clé du rêve, écoute encore, n'est pas dans le cri que pousse le rêve, l'image bouleversante qui reste en mémoire, mais dans le détail qui la prépare ou la présente.
Le traumatisme c'est comme une blessure, une blessure à l'âme. Il faut du temps pour consolider la cicatrice.
Souvent il se répétait cette phrase du Talmud que lui avait apprise l'oncle Élie : Dieu a déversé dix mesures de paroles sur le monde. Les femmes en ont pris neuf et les hommes une seule.
La femme est une panthère, forte d'être sauvage. Capturée, elle devient folle ou se laisse mourir.
Une vraie femme est comme la terre. Elle survit à ceux qui la piétinent
On peut fabriquer le vent, mais le souffle de vie vient de l'intérieur.
Le désert est aussi une prison - saurais-tu en trouver l'issue ? L'errance de celui qui ne sait plus poser les questions est pire que le désert.
Je suis bien vieux. Quelquefois, je me demande si la mort m'a oublié.
Comme dit Louis Jouvet dans le film Les amoureux sont seuls au monde : La première impression est toujours la bonne, surtout quand elle est mauvaise.
Lorsqu'on croit recommencer, on ne fait que répéter, et parfois, ce sont de très anciennes histoires.
En Orient, la parole est faite pour chanter sur ses rêves et frémir à ses cauchemars, pas pour informer !
La poésie, sachez-le, est action, son absence, dépression.