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Pour gagner, il faut en fait être le plus pervers - séduire ceux-là même que l'on va faire éliminer.
Vincent Cespedes
Accepter de rendre heureux permet de le devenir soi-même.
Clasher par mes mots, mes questions, ma présence, mon regard, ceux qui ne veulent pas savoir, ceux qui nuisent à l'imagination et renoncent à la liberté. Ceux dont je suis, peut-être ; clasher pour le vérifier.
La performance narcissique est une ambition d'image, une compensation de l'impuissance réelle à laquelle nous voue notre travail aliénant.
Désobéir pour interroger le pouvoir, confirmer à nouveau son fondement, sa légitimité.
Plus le drainage virtuel nous assagit, plus nous éprouvons l'énergie qui nous pousse à fricoter corps à corps, vie contre vie, comme une débauche de vitalité inutile et immature.
Les mots seuls pontifient : leur magie est fictive. Ils causent de tout mais ne causent rien.
Il lui transmettait l'once de chaleur qui faisait pencher la balance de la peine vers la vie.
La jouvence : la vie qui gagne naturellement sur la mort sans conserver aucune séquelle de ce combat.
Aucune psychothérapie ne peut résorber la souffrance de ne plus souffrir dans sa chair, de souffrir seulement superficiellement, à la surface des choses.
Je me repose mieux quand je me repose sur la société.
L'indifférence n'est-elle pas pas la marque d'une impuissance à être heureux ?
La galanterie est le repos de l'amazone, et elle lui offre l'occasion d'exercer sa puissance.
Une personne bienheureuse peut être sans pour autant se départir de son bonheur, son humeur de champagne, sa lame de fond.
L'amour n'est pas un contrat, mais un constat.
Avec mai, ... l'acte philosophique s'élève au-dessus du long et assoupissant travail du concept pour devenir action, aventure, geste de liberté.
La fidélité ne se décrète pas : elle se vit comme un choix personnel, une évidence pour nous-mêmes et non une preuve à adresser à l'autre.
Nul ne peut changer la vie sans être transporté par des modèles témoignant qu'une autre vie est possible, que l'impossible n'est qu'une question de point de vue, et que l'on peut toujours rêver mieux et agir plus grand.
Qu'est-ce que le normalisme ? L'état d'assujettissement aux normes dominantes, c'est-à-dire bourgeoises ; leur inscription dans les nerfs et la chair de chacun, jusqu'à tomber malade.
Avec l'onde de charme, l'amour entraîne l'amour, et le mystère réside dans l'absence de contrainte physique de cette irisation.
L'enfant est pour l'adulte une grande leçon de Je(u).
Tout le monde s'évertue à paraître heureux. Pire : à paraître vouloir être heureux, et toujours davantage. Voilà pourquoi les gens normaux passent leur temps à se plaindre.
Ne s'embrouiller qu'au téléphone, ne s'ennuyer qu'aux heures de pointe, ne draguer qu'avec de l'écran dans les yeux. Utopie-cauchemar de la désimplification affective et de la désincarnation prises comme des preuves de liberté.
Quand je suis heureux, je sens une mystérieuse énergie me remplir, comme si mon corps buvait le monde extérieur par chacun de ses pores, en tétait les nectars.
Clasher les idées et les idoles pour créer de nouveaux choix, de nouvelles expériences, de nouveaux rêves, c'est cela, philosopher. Transformer l'impossible en possible, l'impensable en pensée.
Le désir est déjà une victoire en lui-même, la victoire de la puissance, qu'il se concrétise ou non.
On aime pour faire famille, au lieu de faire famille parce qu'on s'aime.
Où sont les hommes ? Les vrais, ceux qui se tiennent droit, parlent en connaissance de cause, savent combler une femme et bercer un enfant ?
Le bienheureux, c'est celui qui intensifie l'onde de charme et rend heureux d'autres que lui. Le malheureux, c'est celui qui ne veut rendre heureux personne.
L'accélération des consignes produit une occultation des vraies questions.
Si transformer le monde revient à changer la vie quotidienne, changer la vie quotidienne revient à clasher.
Tout le monde se branle soi-même sur Facebook, éjacule sa vie, se vide de sa moindre émotion et se préserve ainsi du désir et de ses aléas. Vaste étalage de performances en tout genre, qui nous prive du sens de l'intime et du secret.
Tout pays doit choisir son camp. Et la suisse a choisi le sien : le fric. La mort liquide.
Le talent, c'est de la jouvence exercée.
Vous êtes pleinement heureux, donc vous rendez heureux, car le bonheur déborde. Champagne ! L'autre est votre coupe et votre destination. L'anormalité pétillante et votre condition.
Le bonheur ne s'élude pas. Quand il est là, bien palpitant dans notre devenir, il nous ravit tant et si bien qu'espérer l'accroître ou le troquer contre un bonheur supérieur nous paraît incongru.
L'école du bonheur, pour n'importe quel enfant, c'est l'amour enthousiaste et inconditionnel que lui témoignent ses proches et ses parents.
Et si le printemps 1968 était l'une des saisons les plus philosophantes que la france ait jamais connues ?
Le modèle de la virilité inhospitalière et va-t-en-guerre en a désespéré plus d'un.
Depuis quand, par temps clair, n'avons-nous pas contemplé la courbure de l'horizon ?
Résister, tenir bon, défier un implacable destin, une situation intenable ou des salauds visqueux, se tenir droit comme un I quand flanchent les échines : la voilà, la puissance !
Moi-parapluie. Moi-paratonnerre. Moi-paravent. Plus l'onde de choc nous taraude, plus notre Moi gagne en importance pour nous servir de bouclier.
Logique des propagateurs de l'onde de larmes : une vie de merde pour tous.
L'ambition est une guerre inachevable, dans laquelle les objectifs et les ennemis changent en fonction des besoins.
Microscopiquement se réjouir, quand tout va macroscopiquement si mal, cela semble aussi absurde que de piquer un fou rire sur la corniche d'un immeuble en feu.
Les femmes nous qualifient de virils dès que nous possédons ces quatre attributs : un visage intense, un sourire latent, un aplomb naturel, une vitalité posée.
Le questionnement est aujourd'hui le grand véhicule des autoroutes de l'information.
Ce que cette télé-poubelle (trash-tv) jette aux ordures, c'est la gratuité des comportements et la sincérité des attaches, en d'autres termes ce qui rend l'être humain beau, loyal et bon.
Il est impossible de se sentir pleinement vivant et de fermer les yeux sur les exactions, les persécutions et les mystifications qui se déroulent autour de nous.
Mourir à mon Moi, renaître à mon Je(u), légèrement transformé par mes mélanges.