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La vraie jouvence est une force profonde. La force de pouvoir être faible.
Vincent Cespedes
Le cas de Droopy a ceci de cartoonesque qu'il semble passer à côté de l'explosivité du bonheur. Une contradiction sur pattes, qu'aucun vrai chien, du reste, ne comprendrait : les yeux tristounets du cocker ne l'empêchent pas de remuer la queue.
Antidémocratique, ton éducation a finalement réussi à faire de toi une crise d'adolescence prolongée.
Devenir sensible à la sensibilité, et trouver ainsi l'énergie de pousser plus avant, plus dehors, l'aventure de la rencontre.
La globalisation économique s'appelait impérialisme occidental ; on sait d'où ça vient, on sait où ça va, on n'oublie pas que c'est politique, surtout.
Le moi, la représentation ; le je(u), la présence.
On ne s'exprime pas d'abord pour communiquer une information à autrui, mais parce qu'on a des affects à sortir, à cracher.
Le charme : un partage d'humanité, un tremblement d'amour.
Les personnes bienheureuses intensifient leur état de bonheur en se côtoyant.
Il a fallu des décennies de désinformation et de ventriloquie pour dévoyer mai 68. Pour faire croire à une révolution exclusivement culturelle ou politique, quand il s'agissait avant tout de philosophie.
Les bonheuristes sont des heureux imaginaires. Ils vivent un enfer incolore, indolore, en forme de paradis.
La vie fait des siennes : des vies foisonnantes, imprévisibles et prolifiques.
Perpétuer la violence subie : onde de choc. Perpétuer l'humanité reçue : onde de charme.
Etre un homme, c'est d'abord être un fils. Et trop souvent, c'est recevoir un traitement spécial : une conception du courage masculin totalement viciée.
L'enthousiasme déçu de nos tuteurs fait germer en nous une urgence, qui se développe en passions. L'ambition n'est point l'une d'entre elles - lieu commun de la philosophie jusqu'ici -, mais un métavouloir qui les gouverne toutes.
Le bonheur fonctionnerait ainsi à la manière d'un double injecteur, par incorporation-excorporation des affects et des évènements. Je mange et digère l'énergie du monde ; j'offre au monde mon énergie - grosse de lui.
Le bien-être matériel ne garantit en rien le bien-être existentiel.
Un XXième siècle axé sur l'interconnexion des individualités en un réseau global, en un méga-loft dépourvu de singularités, de délai, et, partant, de désir.
Malgré les efforts surhumains qu'elle déploie pour paraître ouverte et décontractée, la bourgeoisie se caractérise essentiellement par sa soif de contrôle et sa psychorigidité.
On atomise les salariés, on les badge, on les manage, on délocalise, on restructure, et finalement on les coupe de leur puissance propre.
L'oeil retrouva ses doutes, son humanité.
Les machines ne pourront jamais numériser la vie. L'audiovisuel ne suffit pas : pour que l'humanité fleurisse, les êtres humains doivent physiquement se rencontrer.
L'inconnu est mis en cases ; l'Autre, mis en cause ; l'émotion, prédigérée.
Ce vaste gag antiphilosophique qui consiste à s'interdire de méditer en profondeur sur le sens de la vie.
Sexualité-images : sexualité consommatoire, où le visuel vole toute la place, où les amants suivent docilement des règles imposées du dehors.
Mes capacités ont été façonnées par mes échecs successifs ; ma présence, par mes conquêtes. Tout un art.
Tous ceux qui manipulent les mots manipulent les corps.
Même les boxeurs, à ce qu'ils disent - et à ce que prouvent d'incroyables fraternisations de fins de match -, grimperaient sur le ring pour y trouver l'amour.
Les rêves ne suffisent pas quand les corps se séparent.
Il y aurait surtout de nouveaux héros. ... des peuples éclairés, débarrassés des arrières-pensées ethniques et du néfaste des superstitions. D'autres indépendances, d'autres undergrounds, d'autres mots.
Le courage est ce que la vie vise, non ce qui aide la vie.
Mon je(u) clashe directement mon moi ; cela s'appelle l'autodérision.
L'onde de charme - ondoiement de la vie, milieu naturel de la libre identité.
C'est en côtoyant des gens charmants - au sens le plus généreux et le plus envoûtant du terme -, que l'on apprend à se laisser aller au bonheur.
Le pouvoir (maîtriser l'onde de choc) et la puissance (succomber à l'onde de charme), la contrainte qui nie et l'ouverture qui libère, le muscle et la chair.
Le bonheur est sans vigie. Il est soif de vivre et geyser de vie, autrement dit : il absorbe et fait couler l'onde de charme, l'éclaboussure de vie.
Aucune alternative proposée aux nouvelles générations, malgré le fiasco généralisé de cette institution devenue obsolète : S'aimer, c'est s'engager à deux.
Qu'est-ce que la jouvence ? La capacité de nous régénérer physiologiquement, psychologiquement, de fond en comble.
La puissance, comme le pouvoir, nous permet de dire non, mais le non de qui a du pouvoir vient du portefeuille ou du statut ; le non de qui est puissant vient du corps.
On vieillit toujours prématurément.
Satisfaire l'autre, n'est-ce pas la plus belle preuve d'amour ?
La maturité s'obtient lorsque nous nous sentons en mesure de nous approprier lucidement notre existence, de nous en faire l'auteur, de signer chacun de nos choix en notre nom.
Ceux qui ont inventé le misogyne ont eu la prétention d'évacuer le féminin, ils n'ont réussi qu'à compliquer bizarrement le masculin ou à le mutiler.
Une virilité pleine et entière, non complexée : vivre son corps comme une évidence, sans éprouver le besoin d'en exhiber la masculinité.
On n'apprend pas d'un ami : on prend.
Le monde de la chair, rayonnement intime de l'être, est ainsi haché menu par la technologie audiovisuelle.
Les bêtes sont bêtes parce qu'elles ne jouissent pas de désirer.
La philosophie cherche à révéler la part nocturne de toutes choses, et la crée, au besoin.
Pour vaincre ses peurs, il faut recevoir ; pour vaincre son bonheur, il faut décevoir.
Le bonheurisme est l'attitude par laquelle les serfs font de la publicité non à leurs maîtres, mais à leur propre volonté de servitude, à leur vie émotionnelle mise en scène et auto-escamotée.