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Toutes les hygiènes connaissent leur hyène.
Vladimir Nabokov
Elle est peu instruite et peu observatrice. Nous avons découvert un jour que pour elle le mot "ascète" était en quelque sorte obscurément lié à "as", "assiette" et "Sète", mais qu'elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'était réellement un ascète.
Elle ressentit un petit froid au coeur, comme cela arrive lorsqu'on feuillette une revue de l'année précédente, tout en sachant que la porte va s'ouvrir à l'instant et que le dentiste va surgir sur le seuil.
Sa drôlerie me semble obscure et ses obscurités drôles.
La vie n'est qu'un bref éclair de lumière entre deux éternités d'obscurité.
Elle avait conscience de ne pouvoir être pleinement heureuse hors d'une certaine conjonction de la banque et du lit.
C'est véritablement une merveille comme ces personnes pratiques sont enclines à sentir plutôt qu'à penser.
Le rêve le plus cher d'un auteur, c'est de transformer le lecteur en spectateur ; y parvient-il jamais ?
Le sens de la création littéraire : dépeindre des objets ordinaires tels que leur reflet apparaîtrait dans des miroirs magiques.
Je me suis souvent demandé, dit-elle, qui l'on connaît le mieux, de celui avec qui l'on a passé cinq heures dans la même pièce et celui que l'on a vu chaque jour pendant dix minutes un mois durant.
Dans l'univers des échecs le temps est inexorable...
Une série de mots de ce genre, parents pauvres des mots véritables. Et combien y en a-t-il de ces mots - sorte de petits déchets - qu'on prononce en toute hâte et qui comblent provisoirement le vide !
Hélas, mon récit dégénère en un journal. Pourtant, il n'y a rien à faire ; j'ai pris l'habitude d'écrire, au point que je suis maintenant incapable d'y renoncer. Un journal, je l'admets, est la forme la plus basse de la littérature.
Les fous ne sont fous que parce qu'ils ont profondément et imprudemment démantelé un monde familier, mais n'ont pas le pouvoir - ou ont perdu le pouvoir - d'en créer un nouveau aussi harmonieux que l'ancien.
Je suis saine de corps, et absolument obscène dans mes pensées, mes paroles et mes actes.
Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-li-ta : le bout de la langue fait trois petits bonds le long du palais pour venir, à trois, cogner contre les dents. Lo. Li. Ta.
Le décor de la mort : quelques meubles conventionnels et quatre murs.
Horreur, mais aussi harmonie suprême : qu'y avait-il en effet au monde en dehors des échecs ? - Le brouillard, l'inconnu, le non-être...
Et ma bouche gémissante, Messieurs les jurés, toucha presque son cou nu pendant que j'écrasais sous sa fesse gauche le dernier spasme de l'extase la plus longue qu'un homme ou monstre ait connue.
Eviter par dessous tout la platitude, les combinaisons de mots que l'on a déjà vues des milliers de fois.
Le Style et la Structure sont l'essence d'un livre. Les grandes idées ne sont que foutaises.
La vie est une grande surprise. Pourquoi la mort n'en serait pas une plus grande ?
Tache d'encre bleue en forme de fleur ; pur accident ou rature embellie au crayon feutre.
Le joueur d'échecs, comme le peintre ou le photographe, est brillant... ou mat.
Le présent n'est que la crête du passé et l'avenir n'existe pas.
Un instant, il regretta de se séparer pour toujours de cette adorable et capricieuse dame aux yeux couleur de nerprun.
Béni soit mon premier amour, une enfant dans un verger - jeu de mains qui explorent, et ses cinq doigts écartés pleurant des perles de surprises.
Les étoiles n'ont leur vrai reflet qu'à travers les larmes.
Nul homme ne peut réaliser le crime parfait ; le hasard, lui, en est capable.
Les choses ultra-modernes sont singulièrement portées à s'user plus rapidement que les autres.
Je n'ai fait qu'obéir à la nature. Je suis le chien fidèle de la nature. Pourquoi alors ce sentiment d'horreur dont je ne puis me défaire ? Lui ai-je subtilisé sa fleur ? Sensibles dames du jury, je n'étais même pas son premier amant.
Le manche de mon filet à papillons en train de tracer, en mouvement de métronome, arc après arc sur le sable brunâtre, des arcs-en-ciel de terre, avec des différences dans la profondeur du trait pour rendre les différentes couleurs.
... il faut à mon avis écrire pour plaire à un seul lecteur : soi-même.
Il n'y a pas de libertin un peu ancré dans le vice qui ne sache combien le meurtre a d'emprise sur les sens.
Il sentait la cigarette grossir, lourde et compacte, insistante et dure, et que toute sa vie se concentrait dans cet unique désir - fumer ! (et Dieu sait pourtant combien de cigarettes il avait déjà grillées sans s'en rendre compte !).
Les épouses les plus laides sont les plus fidèles...
Mais dans mes souvenirs un détail se détache avec une parfaite netteté : sous chaque poème il y avait, en guise de signature, un petit cavalier noir de jeu d'échecs dessiné à l'encre.
Une prophétie c'est le trait d'esprit d'un fou.
Des combinaisons (dans le jeu d'échecs) pareilles à des mélodies. Je crois entendre pour ainsi dire la musique des coups...
Plus on prête attention aux coïncidences, plus elles se produisent.
Le philistin aime éblouir il aime être ébloui, voilà ce qui explique qu'il crée et que se crée autour de lui un monde de mensonge et de tromperie.
Sans relever les yeux de son journal, d'un doigt distrait il vérifia sa braguette et ses lèvres remuèrent avec une concentration accrue.
Je recommande vivement de lire aussi souvent que possible les livres de Tchekhov (même dans les traductions qu'ils ont subies) et de rêver au fil de leurs pages, car c'est pour cela qu'ils ont été écrits.
Les caricatures les plus comiques des illustrés sont précisément fondées sur cette cruauté raffinée d'une part et cette confiance un peu sotte de l'autre.
Si vous voulez, voici ce que je suis prêt d'admettre : je ne suis moi-même rien d'autre qu'un chercheur d'aventures verbales.
L'authentique, l'innocent, le bon, n'est jamais pochlost. On peut affirmer qu'un homme simple et non civilisé est rarement, sinon jamais, un pochlost, car le pochlisme sous-entend le vernis de la civilisation.
La vie est un message griffonné dans le noir.
Les amateurs de paradoxes médiocres ont remarqué la sentimentalité des bourreaux... le trottoir devant une boucherie est toujours humide.
Avec cela, l'odeur de l'encens, la chute brûlante d'une goutte de cire sur une phalange et le sombre et mielleux éclat de l'icône, qui attendait un baiser.
Il éprouva la plus triviale de toutes les sensations sur terre : la déchirure d'une occasion ratée.
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