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Lire, c'est ouvrir les portes du silence, y pénétrer à pas feutrés, le coeur battant, et miser gros sur l'inconnu.
Yanick Lahens
Ce qu'on apprend dans les livres de Christian Bobin, c'est la grammaire du silence. Et cette langue n'a point de fin. Et elle me console. Souvent.
Le corps incertain et l'âme floue, nous attendions, oreilles aux aguets et coeurs ouverts, ces mots goyave et canne qui font danser des papillons dans les yeux et battre le sang sous la peau.
Il en avait vu, des choses, dans sa vie d'homme. Ce qu'il en avait vu ! Le vent sec du malheur, la mort des naufragés, une inoubliable récolte de haricots rouges l'année de ses vingt ans, la main forte des dieux, l'usure des jardins, les hanches douces si douces des femmes. Et tant, tant d'autres choses !
Du jour où j'ai compris que la mort pouvait me dérober un visage aimé, du jour où j'ai compris que ceux que j'aimais étaient mortels, j'ai voulu les aimer plus forts.