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Rien n'est vrai qui ne se prouve par la mort.
Yves Bonnefoy
Le silence est comme l'ébauche de mille métamorphoses.
La salamandre surprise s'immobilise Et feint la mort. Tel est le premier pas de la conscience dans les pierres Le mythe le plus pur, Un grand feu traversé, qui est esprit.
L'été : un éblouissement comme est la neige, Celle qui vient légère et ne dure pas, Et rien de nous n'en trouble la lumière D'eau qui s'est condensée puis s'évapore.
Mais le sommeil se fait indifférence. Ses lumières, ses ombres : plus rien qu'une Vague qui se rabat sur le désir.
Telle la nuit d'été, qui n'a pas de rives, De branche en branche passe le feu léger.
Partout en nous rien que l'humble mensonge Des mots qui offrent plus que ce qui est Ou disent autre chose que ce qui est.
Parfois prend le miroir Entre ciel et chambre Dans ses mains le minime Soleil terrestre.
La peinture peut être poésie. La couleur n'est-elle pas là pour jeter d'un coup toute sa profondeur dans le discours du tableau ?
Il te faudra franchir la mort pour que tu vives.
Il y a eu des peintres pour être spécifiquement et profondément des poètes, dont l'enseignement, la valeur d'exemple, sont irremplaçables pour qui écrit.
Il est aisé d'être poète parmi les dieux.
Odeurs, couleurs, saveurs, Le même songe, Colombes dans l'ailleurs Du roucoulement.
Trébuche, relève-toi, Cours, enfant nu que l'on accable de pierres.
Plutôt le lierre, disais-tu, l'attachement du lierre aux pierres de sa nuit : présence sans issue, visage sans racine.
Longtemps ce fut l'été. Une étoile immobile Dominait les soleils tournants. L'été de nuit Portait l'été de jour dans ses mains de lumière Et nous nous parlions bas, en feuillage de nuit.
Terre, qui vint à nous Les yeux fermés Comme pour demander Qu'une main la guide.
Nous sommes des navires lourds de nous-mêmes, Débordants de choses fermées, nous regardons A la proue de notre périple toute une eau noire S'ouvrir presque et se refuser, à jamais sans rive.
Écoutez la musique qui élucide De sa flûte savante au faîte des choses Le son de la couleur dans ce qui est.
L'orage A envahi le ciel, l'éclair S'est fait d'un grand cri bref, Et les richesses de la foudre se répandent.
Il n'est plus de désert puisque tout est en nous.
Contre qui luttons-nous jamais sinon contre notre double ? Contre cet autre en nous qui cherche à nous faire entendre que le monde n'a pas de sens ?
Dieu est artiste, Il n'a de souci que de l'inaccessible.
Le lecteur de la poésie n'analyse pas, il fait le serment de l'auteur, son proche, de demeurer dans l'intense.
Et ruisselle à jamais Sur le chemin L'eau d'une heure de pluie Dans la lumière.
Aimer la perfection parce qu'elle est le seuil, Mais la nier aussitôt connue, l'oublier morte, L'imperfection est la cime.
Eternité du cri De l'enfant qui semble Naître de la douleur Qui se fait lumière.
Il y a des yeux grands ouverts au secret des yeux fermés.
Et qu'un peu de soleil Passe, leur chevelure Brille, ainsi ferait l'or Dans le vase sombre.
Plutôt que d'initier les élèves à la critique textuelle, il faut utiliser les quelques années d'école, à apporter des poèmes, et à les faire apprendre par coeur, car c'est de ce seul fait qu'ils pourront accompagner les enfants dans leur existence à venir
L'invisible, ce n'est la disparition, mais la délivrance du nuisible.
Et parfois ce n'étaient même pas des mots, Rien que le son dont des mots veulent naître, Le son d'autant d'ombre que de lumière, Ni déjà la musique ni plus le bruit.
On se prend à rêver Que les mots ne sont pas A l'aval de ce fleuve, fleuve de paix, Trop pour le monde.
La poésie est mémoire, mémoire de l'intensité perdue.
Fils du savoir, le péché est le père du savoir.
La connaissance est le dernier recours de la nostalgie.
Dans la quiétude de l'écume, où se reflète, Soit beauté, à nouveau, soit vérité, les mêmes Étoiles qui s'accroissent dans le sommeil.
La tête quadrillée les mains fendues et toute En quête de la mort sur les tambours exultants de tes gestes.
Nous vivons dans un monde où des activités de plus en plus nombreuses et pressantes concurrencent toujours plus durement celle qui consiste à se préoccuper de la poésie, que ce soit dans les livres ou dans le rapport à soi.
L'un à l'autre ce qu'est La couleur à l'ombre, L'or du fruit mûr à l'or De la feuille sèche.
Rêver : que la beauté Soit vérité, la même Évidence, un enfant Qui avance, étonné, sous une treille.
Lisse-moi, farde-moi. Colore mon absence. Désoeuvre ce regard qui méconnaît la nuit.
Le rythme ressemble au temps, à la fois un et changeant, il ressemble à l'architecture, c'est-à-dire à notre univers qui est une construction.
L'être humain est une réalité complexe qui inscrit dans son environnement une nécessaire diversité.
Après quoi il fit jour ; et le soleil Jeta de toutes parts ses milliers de flèches.
C'était comme en labour de terre difficile L'instant nu, déchiré Où l'on sent que le fer trouve le coeur de l'ombre Et invente la mort sous un ciel qui change.
La clarté disparut au ras de ces collines enchevêtrées entre le ciel et le monde. Et ce fut à nouveau la grande nuit d'avant, sans étoiles.
Je célèbre la voix mêlée de couleur grise - Qui hésite aux lointains du chant qui s'est perdu.
La poésie vécue comme poésie, c'est le désir et l'agent de l'instauration démocratique, qui peut seule sauver le monde.
Donne-moi ta main sans retour, eau incertaine Que j'ai désemppierrée jour après jour Des rêves qui s'attardent dans la lumière.