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Il faut à la parole même une matière.
Yves Bonnefoy
Le dormeur est une ombre, lui qui ouvre sa porte aux ombres.
Les poèmes aideront à passer avec soi et d'autres êtres le nécessaire serment de fidélité à la vérité de la vie.
Et la surface de l'eau n'est que lumière, Mais au-dessous ? Troncs d'arbres sans couleur, rameaux Enchevêtrés comme le rêve, pierres Dont le courant rapide a clos les yeux Et qui sourient dans l'étreinte du sable.
Le feu qui nous réchauffe dit qu'il n'est pas le vrai feu.
Pour avoir voulu libérer, il rend esclave.
Ne cesse pas, voix dansante, parole De toujours murmurée, âme des mots Qui colore et dissipe les choses Les soirs d'été où il n'est plus de nuit.
Que ce monde demeure Comme cesse le temps Quand on lave la plaie De l'enfant qui pleure.
Il faut oublier les mots.
Et quelle étrange chose que certains mots, C'est sans bouche ni voix, c'est sans visage, On les rencontre dans le noir, on leur prend la main, On les guide mais il fait nuit partout sur terre.
Telle cette lumière dans l'esprit Qui brille quand on quitte, de nuit, sa chambre, Une lampe cachée contre son coeur, Pour retrouver une autre ombre dansante.
Dieu cherche, lui sans yeux, A voir enfin la lumière.
Un père ? Eh bien, celui qui te prend sur ses genoux quand tu pleures, et qui s'assied près de toi le soir lorsque tu as peur de t'endormir, pour te raconter une histoire.
Au-dessus de nous deux, qui avons voulu Le noeud, le déliement, une énergie s'accumula entre deux hauts flancs sombres.
Il y a des mirages de la clarté.
L'aliénation la plus grande est aussi ce qui peut conduire, si quelque barrière cède, à la plus extrême poésie.
Pluie des matins d'été, inoubliable Clapotement comme d'un premier froid Sur la vitre du rêve (...).