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L'exil, c'est se retrouver dans un lieu où les rues n'ont pas de noms.
Yves Simon
L'amour, ce n'est pas une histoire de perfection, c'est brut de décoffrage, une forme imparfaite boursouflée de scories.
L'amour est l'histoire de ce parcours qui part d'un mystère pour parvenir, une éternité plus tard, au même mystère : irrésolu.
Aujourd'hui, c'est toi, c'est moi, avec ce foisonnement qui nous entoure, les naissances, les raz de marée, des ombres qui se cherchent, les femmes qui pleurent, des amants qui se retrouvent.
A l'entrée d'un millénaire notre savoir et nos connaissances accrus n'ont fait qu'augmenter l'opacité d'un monde, qui tapi, derrière ses secrets, s'est de lui-même réenchanté.
On ne croit plus en rien, et les rêves, pareils aux globules blancs, ne parviennent plus à endiguer la réalité. Ils ont beau se multiplier à toute vitesse, le jour, la nuit, les chagrins sont les plus forts, surtout quand la mélancolie s'en mêle.
L'amour est cette île perdue dans le vaste monde que découvrent, un jour ou jamais, les amants.
Les livres résistent au temps et aux tempêtes comme les rives de la mer.
La prison est une blessure pour les corps, pour les esprits ; aucun texte ne lui fait injonction d'être le mouroir des espoirs.
Le temps et l'espace entre les êtres deviennent parfois si considérables que l'on se demande comment ces planètes ont pu un jour graviter dans le même ciel.
L'élégance ne s'apprend nulle part, elle est là, fichée aux corps et aux âmes de ceux qui en ont reçu la grâce à leur naissance.
Aimer c'est amener le hasard d'une rencontre dans le registre de l'éternité.
Elle songea que la paroi entre la vie et la mort était si frêle qu'il suffisait parfois d'un mot, ou d'une absence de mot, pour qu'elle se fracture.
On dit que l'amour est la seule chose à ne jamais chercher puisqu'on ne le trouve justement pas de cette manière.
L'amour est cette insoutenable innocence d'éprouver pour quelqu'un un sentiment absolu tout en sachant nos vies provisoires et notre choix faillible.
Aujourd'hui je t'aime, nous sommes vivants toi et moi au milieu des tremblements du monde, pourtant l'amour que nous nous portons règne sur la Terre, la gouverne, il irradie chaque recoin du malheur.
Le manque est une douleur physique, une accélération cruelle de la mémoire, l'effroi d'avoir à soulever l'avenir.
Tenir dans ses mains la tête de quelqu'un qui vient de prendre un billet de train, imaginer alors que c'est la terre que l'on tient comme cela.
Le mystère reste entier, plus verrouillé que jamais, et nous, la plus rebelle des énigmes, n'auront de cesse d'inventer, entre naître et mourir, de nouvelles raisons de vivre.
Je m'aperçois que vieillir, c'est savoir discerner la part d'absence, absente de chaque nouveauté.
Le désespoir, c'est être sorti du monde, s'être détaché des choses et des hommes, s'être mis en congé d'humanité.
Les chanceux sont ceux qui écoutent, qui regardent, qui tissent des liens avec des inconnus, qui voyagent et s'étonnent, qui ne se découragent pas et persistent quand tout semble résister.
Les anges portent des ailes invisibles qui viennent par inadvertance effleurer la peau de ceux qu'ils protègent, les picotements, les chatouillements, ce sont eux.
Que sommes-nous devenus, nous qui aurons inlassablement rêvé de bonheur, qui avons inventé la démocratie, su repérer les trous noirs, l'invisible sidéral et les amnésies de l'histoire ?
L'amour, le luxe... Ce n'est pas rien. Ne pas aimer est la règle, c'est l'amour qui est l'exception.
Depuis le départ de Justine, je m'endormais le soir avec une bouillotte.
Certaines femmes sont venues sur terre pour donner, en plus de la vie, de l'amour et de l'attention, cette denrée rare à toute époque : leur temps.
Ce n'est pas l'intérieur des choses qui motive nos sentiments, seulement leur apparence.
Chaque jour, on s'en va de soi. Des morceaux de peau, des provinces de nos mémoires se retirent.
Le chagrin amoureux est l'une des plus éprouvantes blessures que nous ayons à combattre car il doit être vaincu seul, et surtout dans le plus grand des silences.
J'ai besoin de toi pour donner du vertige à mes rêves.
L'amour d'une femme ne peut être qu'un puits sans fond, un insondable gouffre d'attentions, de tendresse, de gestes rassurants.
C'est la vie qui est l'atelier du monde, là où s'enseignent les gestes de la rencontre et des adieux.
Lorsque je pense à l'enfant, ce n'est pas le regret qui s'impose, mais quelque chose de plus mortel.
L'amour parfume les souvenirs des hommes et des femmes, il enchante de son souffle chaque aspiration de nos poumons. L'amour est exaltation du temps présent, notre délectation atavique pour l'éternité.